"La forêt de Mogari" vient nous rappeler que le cinéma japonais est encore bien vivant, (même si l'on avait écrit le contraire, cf critique de "secret sunshine"...) Naomi Kawase renoue avec cette longue lignée qui passe par Imamura, Shindo, visions mystiques où la nature est un acteur à part entière. Le film est simple, et, je le crains, pour ceux qui n'entrent pas dans cet univers, ennuyeux. Dans une maison de retraite (où les pensionnaires ont l'air heureux comme Dieu en France!) sise au pied de hautes collines boisées, un pensionnaire, vieux monsieur capricieux et colèrique décide de s'enfuir, profitant de l'inexpérience de l'aide-soignante qui l'accompagne dans une sortie.C'est une jeune femme très vulnérable, très fragile, on suppose qu'elle a été plus ou moins responsable de la perte d'un enfant, et elle s'accroche désespérément à ce vieux fou qu'elle est chargée de protéger. Il s'est mis en tête de retrouver la tombe de sa jeune femme, tout en haut de la montagne, pour y mourir sans doute, et le couple progresse sur des layons improbables entre une végétation drue et dense de jeunes bambous, guidés par l'instinct presque magique du vieux monsieur. Au dessus d'eux, la voute des arbres, haute, si serrée que la lumière ne penétre que par taches, C'est tout -et c'est magnifique. Merci à ceux qui ont donné, à Cannes, le grand prix à cette oeuvre -ils avaient compris ce qu'est le cinéma, et bienheureux ceux qui, en la voyant, l'aimeront!