Jusque-là, tout s'annoncait pour le mieux : film japonais primé à Cannes par le Grand Prix, d'une réalisatrice déjà lauréate de la Caméra d'Or quelques années auparavant, sur un thème fascinant dont les quelques images semblaient d'une incroyable beauté. Elles le sont. Mais, dans cette forêt de Mogari, rien ne se déroule comme prévu. Peut-être est-ce dans l'imprévisibilité que le film touchera les uns, mais aussi dans la même qu'il désinteressera les autres. Ce que, du niveau du scénario, certains désigneront comme un courant naturel, d'autres y trouveront de simples mais trop brusques prétextes censés faire changer les protagonistes d'environnement. Car il y a ici deux parties, la première étant comme de longues funérailles silencieuses et marquées par des visages qui vieillissent jour après jour, dans une maison de retraître ou chaque personne semble pourrir de plus en plus. Dans la deuxième, les deux personnages principaux (en reconstruction permanente) envahissent la forêt en question, dans laquelle ils se perdent et tentent de boucher leur peine, de faire leurs deuils respectifs. Il y a d'intéressant dans le film de Naomi Kawase, bien sûr la communication entre deux êtres envahis par le même silence, mais aussi le rapport à la Nature : ce que le personnage peut exprimer ou subir suivant où il se place (face à un arbre, dans un courant d'eau, dans des champs, etc...), et ce que chaque élément naturel peut lui apporter ; ressource, apaisement, tension... mais pourtant, et c'est étonnant, la cinéaste semble avoir du mal à filmer cette Nature si précieuse. Peu de choses transperçent son réçit, linéaire. Ni charme, ni émotion. Le désir qui semble naître dans les yeux de ces humains dépités n'a pas lieu d'être réellement incarné à l'écran tant la réalisatrice semble s'attacher au principe de ressource, tant elle essaye de capter ailleurs une tension que dans ces corps emplis de manque. Peut-être aussi qu'une plus grande définition psychologique des personnages et qu'