Aux côtés de son compatriote Cristian Mungiu (réalisateur du palmé “4 mois, 3 semaines et 2 jours”), Cristian Nemescu est considéré comme l’un des acteurs du renouveau du cinéma roumain, aujourd’hui célébré. Mais, ironie du sort, il n’aura pu jouir de son succès, emporté par un accident de voiture, au mois d’août 2006, alors qu’il achevait le montage de “California Dreamin’”, son premier (et, donc, dernier) long métrage. Lequel, récompensé du prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, sort aujourd’hui en salles, inchangé depuis l’événement tragique. De ce fait, il est un poil difficile de critiquer la forme, par moments un peu brouillonne, ou les quelques longueurs du récit, puisque nous sommes face à une œuvre inachevée, mais néanmoins emballante par bien des aspects. Construite comme une tragédie en cinq actes (chacun étant introduit par un flash-back en noir et blanc), celle-ci met aux prises, en 1999, pendant la guerre au Kosovo, des soldats de l’OTAN et les habitants du villlage roumain de Capalnita, dans lequel leur train est bloqué. L’occasion pour Nemescu de broder un drame émaillé d’accents comiques, dans lequel il brasse énergiquement la mort effective du communisme, la fascination des locaux pour les États-Unis ou la puissance du pays précité, avec beaucoup de générosité et de sensibilité, et une absence totale de gros sabots lorsqu’il s’agit d’évoquer l’amitié entre des peuples antagonistes. Une tragédie touchante que celle vécue par le réalisteur rend plus belle encore.