« La déranger, elle ? Haha, tu rigoles ! Rien ne la dérange. Du marbre ! Les femmes, c’est comme ça que je les aime. »
Avec un casting hétéroclite, Serge Korber, réalisateur éclectique qui s’essaiera même au cinéma pornographique dans le grand mouvement de libération des mœurs des années ‘70, retrouve un scénario de Michel Audiard, comme ce fut le cas avec l’adaptation de l’indémodable, drôle et tendre « Un idiot à Paris ». Claude Sautet, qui réalisera deux ans plus tard « Les choses de la vie », cosigne ici l’adaptation du roman de James Hadley Chase. Notons enfin comme caméraman, le jeune Claude Zidi, déjà présent sur le tournage de « Un idiot à Paris ».
Le casting, donc, comprend une beaucoup trop rare Dany Carrel (La Fleur dans « Un idiot à Paris ») étourdissante de naturel, un Jacques Perrin tout nigaud, un Robert Hossein bourru, assez mal à l’aise avec les phrases d’Audiard, un Pierre Brasseur qu’on ne présente plus et qui en fait un peu des caisses, un Michel Creton assez insipide et un toujours aussi admirable Robert Dalban, fidèle des fidèles d’Audiard, lui aussi déjà présent dans « Un idiot à Paris » (dans le rôle du maire du petit village). Zidi, Audiard, Carrel, Dalban, Korber, la comparaison avec le précédent film de du réalisateur s’arrête d’ailleurs là. On n’est pas du tout dans le même registre, même si la rencontre d’un gars naïf et d’une fille « travaillant » en marge pourrait y faire penser.
La réalisation de cette comédie sentimentale oscille constamment entre un style classique et un mouvement naturel plus proche de la nouvelle vague, notamment dans les scènes de rue, ce qui donne un mélange assez frais, ou lors de la première séance photo, ce qui ajoute un soupçon de malaise.
Le scénario est assez bien pensé, en deux parties, une première entre romance sans tabous et univers de petites frappes, la seconde en forme de reconstruction, plus amère, comme une fuite en avant. Les dialogues sont assez fins, on n’est pas dans du Audiard grandiloquent mais dans du mesuré.
Au final, ce film injustement oublié, est un petit chef d’oeuvre de comédie dramatique, sensible et intelligent à réhabiliter au plus vite, ne serait-ce que pour la performance de Dany Carrel.