"La chambre verte" est certainement l'un des films les plus graves de Truffaut. Le deuil y est abordé avec un ton très sombre mais jamais pathos. Peu d'espoir ressort de la pellicule et les personnages émeuvent.
Alors il faut reconnaitre que les scènes sont souvent mal jouées et que l'ensemble apparait aujourd'hui particulièrement austère. Pourtant Truffaut avec son ton professoral et ses idées arrive toujours à susciter un intérêt. Le film s'achève sur un scène forte.
Un François Truffaut d'une incroyable intensité... Une intensité générée par la mise en scène magistrale d'une histoire mystérieuse, étrangement envoutante, parlant de la mort et de la vie d'une façon tres belle et tres originale... Tout cela renforcé par le jeu d'acteur de François Truffaut lui-même (ainsi que de, entre autres, Nathalie Baye) et la bande originale impressionnante de Maurice Jaubert qui créé une atmosphère exceptionnellement fascinante et captivante.
La première scène nous met immédiatement dans le cœur du sujet: nous assistons à un enterrement où le désespoir est tel que même les paroles d'un homme d'église ne peuvent réconforter un homme qui, déboussolé d'avoir perdu sa femme, parle de se suicider. Un autre homme, passionné par les morts, se détache toutefois en parvenant à le consoler. C'est cet homme, Julien Davenne, traumatisé lui aussi par le décès prématuré de sa femme, qui sera le personnage central de La chambre verte. Dans le contexte difficile de la fin de la première guerre mondiale, nombreux sont ses proches à avoir péri et il voue sa vie à honorer leur dépouille. A ce propos, la scène où on le voit enfermé dans le cimetière est très éloquente . L'obsession qu'il a de sa femme décédée est maladive: il achète à une vente aux enchères la bague qu'elle portait, il conserve une chambre dans laquelle se trouve le cercueil et le moulage qu'il a fait faire de la main de celle qu'il a aimé. Il a même demandé à des artisans d'en faire un mannequin en plastique. Il n'entretient que deux contacts avec le monde des vivants, il s'est pris d'affection pour un garçon sourd et muet auquel il montre des images sordides d'homme morts durant la première guerre mondiale et il aime discuter avec une femme qu'il avait rencontré une dizaine d'années et qui est vraisemblablement tombée amoureuse de lui. C'est alors qu'il décide de mettre en œuvre un projet qu'il préparait depuis longtemps: rénover une chapelle, y placer un cierge pour chaque mort à honorer et pouvoir se recueillir dès qu'il le souhaite en ce lieu. Le projet achevé, il prévient la femme qui l'aime et celle-ci ne voudrait rajouter qu'un seul cierge. Étonné, il va chez elle et se rend compte que la personne qu'elle désire honorer est un dénommé Paul Massigny, sombre personnage qui a fait perdre le goût de vivre à Julien Davenne. Comme on pouvait le prévoir, le héros mourra dans sa chapelle aux côtés de la femme qui venait de lui déclarer son amour. La chambre verte est un film d'une puissance rare, magnifié par des éclairages splendides et agrémenté de teintes feutrées et discrètes qui confèrent une solennité troublante au propos. Les amples mouvements de caméra qui prennent place dans des lieux assombris sont suffocants. Une fois encore, les surimpressions et la composition presque parfaite de certains plans sont à l'origine d'une beauté plastique dont seul Truffaut à le secret. La chambre verte est un chef-d'œuvre auquel on ne peut reprocher que son dénouement prévisible et peu maitrisé.
Pas convaincu par le jeu de François Truffaut, pas plus du parti pris pour interpréter le personnage joué par Nathalie Baye. L'histoire n'est pas fameuse (surtout la fin ; j'aurais préféré qu'il soit "ressuscité" par l'amour que lui porte Cécilia [ça colle tellemment plus à la vision truffaldienne]..), la photographie, encore moins. Le moins bon Truffaut que j'ai vu jusqu'à présent. Vu.
Un film austère à l'image de son héros. La mise en scène est dépouillée et fade. Le Julien machin chose tape vite sur les nerfs, avec ses soi-disant coups de gueule à la con. Les dialogues se veulent profonds et mystiques, ils sont surtout chiants et répétitifs, on tourne en rond avec le thème des morts et de leur souvenir. Tout se déroule à la vitesse d'un papy posant ses courses sur le tapis roulant de Carrefour un mardi matin alors que vous êtes juste derrière et que vous n'avez envie que d'une chose, lui hurler dessus pour qu'il bouge son cul. J'ai presque envie de dire que c'est le genre de films qui passent sur Arte.
Le savoureux mélange d'angoisse et d'inquiétude lié à cet athmosphère tout à fait ahurissante, rendent le spectateur comme oppresser par les événements qui se déroulent devant ces yeux. Truffaut réussit à nous capeter dès le début avec une facilité dans la narrattion et le jeu des acteurs. Quand à cela on rajoute une musique des plus troublante, on ne reste pas indeme devant un tel drame oscillant parfaitement entre naturel et surnaturel sans jamais y afficher de mesage directs. savoureux.
Un film sombre et déconcertant. Déjà par le jeu d'acteur de François Truffaut qui se fait comédien pour la dernière fois de sa carrière : on ne sait vraiment s'il joue mal. Ou alors est-ce fait exprès que cet homme hanté par la mort débite ses propos de manière froide et distincte, sans émotion ? Pas facile de le savoir, et le film aurait dû être plus clair et ne pas laisser le doute au spectateur. Deuxièmement, le film est trop rigide, intellectuel, avec des personnages distants. Comment, alors, croire à ce personnage monomaniaque ? Enfin la réflexion sur la mort est un peu poussive, rébarbative. Néanmoins, le film n'est pas dénué de qualités. Il est doté d'une étrange beauté, notamment lors des scènes crépusculaires dans le cimetière, ou celles avec l'enfant muet.
Film admirable au sens propre.Œuvre littéraire superbement mise en scène par des plans ou des travellings de grande beauté.Les objets et les décors n'étant pas en reste.Réflexions sur le nécessite du deuil ou la présence des êtres disparus ,le film ne prend pas partie.La vie et la mort sont si mélangés qu'il est difficile d'y voir vraiment clair, beaucoup d'entre-nous ne se posent pas ces questions...Le culte des morts n'étant pas une réalité française actuelle.Ce film échappe aux critiques objectives tant il est bien fait.Nathalie Baye y est sublime ,elle a sans doute forcée sa nature ce qui a du décupler ses talents de comédienne.Truffaut est sincère dans cet aspect de lui-même que je ne lui connaissais pas mais un autre acteur, moins raide, aurait surement fait naitre plus d'émotion car pour moi c'est le point faible du film (pour d'autres je conçois que cela soit un point fort);cet homme culpabilisé d'être encore vivant,ayant besoin d'objets mortuaires pour continuer de survivre ne m'intéresse pas du tout,ses obsessions,son égoïsme maladif m'indisposent,il n'aura eut droit à aucune de mes larmes.
On dit de ce film que c'est le plus personnel de Truffaut, est bien je suis d'accord. D'un sujet difficile, il réussi à tirer un film sensible, pertinent et trés philosophique. La musique de Maurice Jaubert est magnifique et colle parfaitement aux images. Truffaut, même s'il n'est pas acteur de métier, se défend, secondé par une toute jeune Nathalie Baye. Mais malheureusement, "La chambre verte" est le film de Truffaut qui a le plus vieilli, à cause d'une photographie qui, à quelques exceptions prés, n'est pas excellente. C'est dommage, ça enléve une partie du charme du film.
Emprunt d’un mysticisme déroutant qu’on ne connaissait jusqu’alors pas dans l’œuvre de François Truffaut, LA CHAMBRE VERTE n’en est pas moins un très beau Truffaut. Particulièrement car il est touché par l’implication personnelle de Truffaut pour son sujet. C’est à lui-même que Truffaut a confié le rôle de l’intriguant et déroutant Julien Davenne, personnage froid, morbide, obsédé, presque aliéné ; et c’est un Truffaut habité, voire même hanté, qui se révèle dans la peau de ce personnage tiraillé par un conflit intérieur, qui lui fait aimer les morts « contre les vivants ». L’apparition d’un personnage féminin, qui se place en miroir avec celui de Davenne, fait naître la douleur d’un amour impossible entre les deux êtres vivants, que la définition de chacun du culte de la mort, sépare. Entre les vivants, les morts, le souvenir, tout s’entremêle, chacun cherche sa place, tente d’apprendre à connaitre l’autre… N'est-il pas déjà trop tard ? Avec LA CHAMBRE VERTE, Truffaut propose un film plus philosophique, plus sombre et plus grave que les films dont le ton léger avait fait ses précédents succès ; un film riche de par les réflexions qu’il suscite sur le deuil, le souvenir, l’oubli, mais plus profondément sur le culte des morts, l’amour et le respect portés aux êtres perdus.
Truffaut parle de la difficulté du deuil, de l’incapacité de panser ses blessures intérieures, bref d’accepter la mort. Que reste-t-il à part des souvenirs ? Sont-ils suffisants ? L’oubli est-il la menace du respect des décédés ? Un film touchant de sincérité.