Un pur moment de bonheur ! A partir d'une histoire anecdotique, ou comment une fanfare égyptienne se retrouve par erreur dans une ville israélienne plantée au milieu de nulle part, le jeune réalisateur Eran Kolirin nous propose une fable profondément humaine. L'histoire commence donc par une erreur d'aiguillage : ne maîtrisant pas l'anglais (puisqu'ils ne parlent pas hébreu), les huit membres de la fanfare de la police d'Alexandrie, venus en Israel pour l'inauguration d'un centre culturel arabe, atterrissent dans une sorte de ville nouvelle perdue au fin fond du désert, ville dans laquelle, comme les en informe la première personne qu'ils y rencontrent, il n'est pas question de culture, qu'elle soit arabe ou juive… Et pourtant ! Obligés de passer la nuit sur place, les musiciens vont se confronter aux quelques israéliens qui leur offrent l'hospitalité. Entre Dina, Tewfiq, Haled et les autres, c'est une nuit de rencontres qui s'annonce. Il faut apprendre à se parler pour apprendre à se connaître, apprendre à se connaître pour apprendre à se comprendre, apprendre à se comprendre pour apprendre à s'aimer. En quelques tableaux, souvent drôles, souvent émouvants, par deux, par trois, par quatre, tous ces oubliés du monde, ces petits, ces anonymes, vont progressivement se dévoiler les uns aux autres. Certaines scènes sont profondément émouvantes, d'autres brillent par leur fantaisie, touchent quelquefois au burlesque (le dancing, la cabine téléphonique). Le scénario est limpide et plein de surprises, la mise en scène sobre et soignée, le ton toujours juste. Tous les comédiens, à commencer par la belle Ronit Elkabetz et le très émouvant Sasson Gabai, sont au diapason de cette chronique pleine d'humanisme. Voilà donc un petit film qui n'a l'air de rien, mais dont on sort grandi, plus humain, plus heureux. Et puis savoir que des acteurs palestiniens et israéliens ont travaillés de concert sur cette belle aventure, nous permet encore de rêver à des lendemains meilleurs…