C’est un premier film d’une sobriété exemplaire, où l’on sent que le réalisateur n’a pas mis toute sa vie sur la pellicule. L’histoire est très simple, presque trop : elle est juste esquissée pour que les personnages se rencontrent. Et ils sont magnifiques, ces personnages. Simples et compliqués, comme dans la vraie vie, plein d’espoirs et de douleurs. Paraissant tellement différents les uns des autres lorsqu’ils se rencontrent, lorsqu’ils se confrontent, et au fond avec tellement de choses à échanger. Pas seulement avec la parole, mais avec des sensations, des regards, des non-dits.
Avec des petites scènes formidablement cadrées, rythmées mais sans précipitation, prenant le temps de la contemplation, de l’attente et de la rêverie mais sans jamais susciter l’ennui, le réalisateur ne fait pas un récit lyrique sur une paix possible, il montre juste que des populations a priori hostiles peuvent vivre ensemble, se trouver des points communs, oublier un temps leurs différences. Peut-être d’ailleurs est-ce seulement cela, la paix.
La mise en scène est basée sur cette sérénité possible, les éclairages sont doux, le montage n’a rien d’agressif, les rapports entre les gens sont montrés du point de vue de la maladresse entre eux, pas de la violence possible. Cette absence presque totale de tension, c’est toute la qualité et aussi la limite du film. Qualité parce que l’émotion parvient à naître malgré le caractère microscopique des enjeux, et limite parce que, du coup, le film est presque trop propre, trop léché, trop maîtrisé.
Défauts mineurs pour cette œuvre finalement universelle, drôle, humaniste, émouvante.