David Mamet, pour ceux qui ne le connaitraient pas, a travaillé en tant que scénariste sur de nombreux films, dont les « Incorruptibles » de De Palma, (film qui était gratifié d’une VF affreuse par moment), « À couteau tiré », « Ronin » et « Hannibal ». Avec Redbelt, Mamet nous raconte comment un artiste martial intègre, respectant à un degré presque caricatural le code du guerrier, se retrouve contraint de briser ses principes et à combattre dans un tournoi de Mixed Martials Arts !
Le JJB et le MMA ne sont plus d’effrayants acronymes
Ce qui rend ce film différent c’est déjà la possibilité de voir une œuvre ayant pour trame de fond le MMA, mais qui ne met pas en scène de sombres combats de rue dans des garage ou pire dans une rave party foireuse. Redbelt prend le parti de faire du vieux avec du neuf, et s’en sort très bien. Le héros est issu d’un Art Martial et doit l’utiliser lors d’un gala de combat libre. Mais au lieu de maîtriser une mystérieuse technique du fond de l’Asie, l’homme excelle en Jujitsu Brésilien, art martial assez jeune et novateur. Mamet transpose donc la morale ancestrale des films de Samouraï à la pratique d’un art martial récent qui c’est fait connaître par le biais de compétitions de combats libres. Out donc « scorpions », « never back down » et autres « freefighters » dont le niveau respect pour cette discipline frise le -273,15° kelvin. Il y a bien « Warrior », mais à l’heure ou j’écris ces lignes je n’ai pas encore eu la chance de le voir.
Chiwetel Ejiofor est Mike Terry ! Osu !!!
Le deuxième fer de lance du film, est l’interprétation de Chiwetel Ejiofor, parfait dans le rôle de Mike Terry, combattant naïf emprisonné par son code d’honneur. Sa justesse de ton est réconfortante et son accent brésilien pas mauvais. À l’instar d’un samouraï stoïque, Mike Terry encaisse les bassesses du petit monde qui l’entoure sans jamais sombrer dans la haine ou l’esprit de vengeance. Tel un Ronin trahit par sa famille et ses senpai (ainés), Mike tente d’assumer son rôle, réparer ses erreur, pour finalement se retrouver désarmer devant le suicide d’un de ses élève. Dés lors il va lui aussi se laisser aller à la mort. Symboliquement bien sur, mais tel un « seppuku » il va ouvrir le ventre de ses principes et de son honneur en participant à un championnat de MMA. On peut voir ici un lien avec Harakiri, le petit dernier de Miike, ou un personnage accepte d’être déposséder de sa fierté pour sauver sa famille. Dans « Red Belt » l’idée est similaire. Finalement comme dans tout les chambarra le final s’orchestrera avec le fameux daiketto (littéralement le « grand duel »).
Encore des références ! Mamett filme avec une technique controversée
Hélas ce daiketto ne comblera pas les attentes de certains amateurs de combats, la quasi intégralité du combat se regardant à travers l’image d’une caméra de télévision. Mamet refusant de filmer directement les combats, préférant substituer à son objectif, celui d’un écran télé ou d’une vidéo surveillance. Là encore, on retrouve une similitude avec un grand nom du cinéma asiatique. Lorsque Takeshi Kitano se fît connaître en occident, les films en provenance d’Hong Kong étaient légions, et la manière qu’avait Kitano de ne pas filmer la violence directement avait magnifiquement contrastée au milieu des œuvres de John Woo et compères. Mamet privilégie à son habitude dialogues et situations d’ambiances, ce qui en soit n’est pas un reproche. Néanmoins ce qui en est un, c’est la narration éparpillée de son film. En effet l’histoire, en plus d’être cousue de fil blanc, est vraiment bancale par moment et les interactions entre les protagonistes semblent se forger uniquement pour pousser le héros dans ses derniers retranchements !
Car si l’interprétation de Chiwelet est sans reproche, la vision que Mamet en a est franchement fantasmée. Mike Terry étant à la limite plus proche d’un Bodhisattva que d’un guerrier. Refusant les honneurs, se considérant comme personne, assumant ses erreurs comme celles des autres il endosse réellement l’image d’un héros sans aucunes tâches, hormis peut être un passé vaguement douteux qui est fugacement mentionné. Pour contraster encore plus avec la perfection de Mike Terry, les personnages l’entourant son, au choix de véritables salauds, ou des boulets que Mike doit soutenir. Même si ils mettent toute la volonté du monde pour essayer de l’aider.
En conclusion si Redbelt est loin d’être exempt de défauts, n’a pas été saluer par la critique, (qui devait s’attendre à mieux de la part de Mamet) et si on est vraiment loin du film de combat que l’univers ou le synopsis promet, il reste pour moi une bonne surprise, et la possibilité de découvrir Chiwetel Ejiofor dans une de ses meilleurs interprétation.
(critique complète sur http://guideparleseum.wordpress.com/category/de-plus-longues-analyses/culture/ )