C'est marrant avec ce film, on dirait que le réalisateur roumain est allé au maximum de ce qu'il pouvait nous offrir. Il le fait d'une manière exemplaire. Il le fait par le silence, aucune fioriture vient parsemer son récit. on retient bien sur la longue scène à l’hôtel, où s'entrecoupe des dialogues géniaux et des silences qui veulent dire énormément. On comprend par le silence que pèse sur ses personnes le poids d'être dans l'illégalité de l'avortement. On comprend les risques que cours les personnages, et leur désœuvrement face à cette situation. Mais c'est ses dialogues entre Anamaria Marinca, Laura Vasiliu, et Vlad Ivanov qui rendent ce film addictif. La première nous sert une performance d'anthologie animé par le courage de sauvé son amie. La seconde est excellente tout en fragilité et avec de la honte. Sans oublier ce dernier géant qui nous fait penser à Harvey Keitel dans Pulp Fiction. Cette scène remplie de suspens est indécrochable. Après la deuxième scène est celle du repas, où on sent le frémissement même d'une époque où la barrière des libertés n'a pas été affranchie. C'est vraiment réussis là aussi. Arrive ensuite la fin qui n'a pas finis de nous hanter,spoiler: où le fœtus est jeté à la poubelle, comme un déchet sans importance . Le vrai point fort du film, c'est qu'il arrive à ne pas juger l'avortement, c'est au spectateur de décider comment il le perçois. Mais après tout ses louanges, le film manque d'un côté sauvage, rock, il est trop académique, au fond c'est presque un exercice de style est c'est son point faible, mais aussi ce qui a fait sa force. C'est en cela que je disait que le réalisateur avait tiré le maximum de son sujet, qui reste tout de même un très bon film.
Film roumain sur l'avortement clandestin. Forcément dit comme ça, ça vent pas du rêve. Le film est filmé un peu comme un thriller (c'est la bonne idée du film) mais plusieurs scènes traînent et finissent par casser le rythme du film. Un bon film : oui j'approuve ! Une Palme d'or ? Faut peut-être pas exagérer...
Si le sujet central reste bien entendu l'avortement d'une jeune Roumaine sous l’ère Ceaucescu ,ce film est aussi l'histoire d'une belle amitié unissant 2 femmes aux caracteres opposés.Gabita ,la brune apparait fragile et assez immature tandis que Ottila (magnifique Marinca) la blonde se révèle forte et téméraire face au danger d’être decouvert.Alternant longs plans séquences ,plages de silence et scènes énergiques aux dialogues percutants ,le cinéaste suit camera a l’épaule les pas de son héroïne dans une sombre Roumanie sous contrôle permanent ,il multiplie les fausses pistes afin de mieux nous destabiliser et rendre intense cette ambiance de chaos qui nous étreint avant de s'achever de maniere frustrante par un final quelconque.A la fois reflet politico-social d'une époque , récit d'une relation fusionnelle et meme thriller haletant ,cette oeuvre temoigne du dynamisme d'un cinema qui 20 ans après commence a se pencher sur le douloureux passé de son pays.
Presque documentaire on ne peut nier le réalisme et le talent de l'équipe. Un film dure et bien tourné dans l'ensemble mais avec pas mal de petites erreurs... Le plan sur le foetus est d'un voyeurisme gratuit et inutile, le père est une vraie relation ou un violeur, l'oublie des papiers par "M. Bébé" n'est pas exploité et aurait-il du l'oublié ?!... L'émergence du cinéma roumain et le thème ont développé un politiquement correcte qui lui a offert une palme d'or non méritée. Les actrices sont parfaites et leurs jeux restent le vrai point fort du film.
Formellement j'ai pas trouvé ça très intéressant. Le réalisateur se contente de poser sa caméra pour faire des plans-séquences, si le procédé peut être tout à fait porteur pour certains films, afin de créer une ambiance ou de s'intéresser sur les dialogues, là je trouve qu'il n y a pas grand chose qui se passe. Au niveau du propos, je retiendrai surtout un arrêt sur image de la Roumanie peu avant la chute de Caucescu. Je suis donc assez déçu de cette palme d'or. Je m'attendais vraiment à mieux...
C'est plutôt un bon film (alors que pourtant je passe souvent à côté des films ayant reçu la palme à Cannes), même si c'est plus son propos qui est fort que le film en soi. Le contexte décrit est très froid, à l'image du film (en même temps, la Roumanie sous Ceausescu n'inspirait pas trop la joie de vivre). Le film décrit parfaitement le calvaire que doivent mener deux jeunes femmes pour que l'une d'entre elles puisse avorter ; un chemin de croix qu'ont du malheureusement vivre beaucoup de femme sous ce régime, tant l'avortement était illégal à cette époque et le poids de la responsabilité de la grossesse incombant exclusivement au genre féminin. On sent le poids d'une société rigide dans ces bâtiments austères et ses personnages froids, bloquant chaque aspiration des femmes à disposer de leur propre corps. Les deux actrices jouent très convenablement, il n'y a pas grand chose à dire là-dessus. Film intéressant à visionner, ne serait-ce que pour se projeter dans la Roumanie de l'époque et découvrir une société si figée et rétrograde et pourtant si proche de la nôtre chronologiquement parlant.
Oui, la mise en scène, l'interprétation et le sujet sont plutôt bons mais il manque une fin à cette histoire ou plutôt il y a une scène en trop bien inutile (les retrouvailles au resto). Une palme de sympathie pour son sujet et la nationalité du film quand on voit les nombreux chefs d'oeuvre qui étaient en compétition cette année là...
4 mois, 3 semaines, 2 jours est pour moi une palme d'or assez méritée. Ce film, loin de n'être qu'une thèse sur l'avortement (il ne semble ni pour ni contre), ni sur la dictature roumaine finissante mais un film sur l'engagement, le courage et surtout sur les problèmes de communication et de compréhension mutuelles. Il n' y a qu'à se souvenir des difficultés pour que Anamaria Marinca (géniale et tout en pudeur) a pour obtenir une chambre d'hôtel, y rentrer, à obtenir le pardon de son mec. Le film nous montre des choses indicibles avec un grand sens de la retenue, sans pathos, ni voyeurisme mal placé. Il ne juge pas le comportement nauséeux de certains personnages (voir l'avorteur qui, "limite odieux" au départ, finit par montrer de la compassion vis à vis de la fille qu'il va avorter (il est vrai après avoir baisé la blonde, scène heureusement hors champ). D'ailleurs, le film, rien que par la mise en scène qu'il déploie, méritait toutes les palmes, fussent telles d'or. Les scènes finales dans la nuit roumaine sont d'une maîtrise absolue. La première scène juste avant que l'héroïne ne rejoigne sa copine est d'un grand suspens méleé d'une vraie sensation de panique. La deuxième lorsqu'elle cherche à se débarasser du foetus est d'une tragédie rarement égalée. J'ai apprécié la façon dont les plans du film sont gérés. Lors de l'extraordinaire scène du repas chez la belle famille, on ressent une impression d'hypnotisme (un long plan fixe avec au centre du plan la fille qui semble ailleurs alors que se débattent les parents comme si elle n'existait pas : différents mondes s'affrontent et s'ignorent. Les scènes à l'hôtel sont du même accabit : les réceptionnistes regardent à peine l'étudiante, comme si elle n'était qu'un fantôme matinée de courage mais qui ne fond pas en sentimentalisme béat. 4 mois, 3 semaines et 2 jours rappelle La mort de Dante Lazarescu en mieux maîtrisé sur le plan de la mise en scène et aux films des Dardenne, en plus profonds. La vision du film à la télévision pourra paraître déceptive, preuve de la belle mise en scène du film.
Un film touchant et poignant avec des actrices magistrales !! Une ambiance assez glauque qui va très bien avec le message ! 2 étoiles car ce n'est pas un film que je reverrai avec plaisir. Déconseillés à ceux qui voient le cinéma plutôt comme un divertissement que comme une forme de culture car ce film ne permet pas de se vider la tête !
Film choc, film d’un bloc "4 mois, 3 semaines, 2 jours" va nous faire suivre quasi en temps réel, deux filles, Otilia et Gabita dont l’une attend de se faire avorter dans un hôtel de la Roumanie des années 80 sous Ceausescu. Une Roumanie parfaitement restituée, et qui constitue presque un personnage à part entière, en tout cas un décor vraiment effrayant. Avec une mise en scène et un filmage impeccables, le réalisateur nous offre un film fascinant, bouleversant, haletant comme un thriller, aussi beau visuellement que dur dans son propos. Une film qui se contente de montrer sans juger ses personnages et qui nous confronte à une question, à une réalité qui est et sera sans doute toujours d’actualité.
Palme d’or du festival de Cannes en 2007, ce film du réalisateur roumain Cristian Mungiu n’est pas à mettre entre toutes les mains. Outre la polémique suscitée lors de sa sortie en salle compte tenu du sujet brûlant évoqué (l’avortement illégal d’une jeune femme), il s’agit surtout d’une critique du régime communiste totalitaire de Nicolae Ceaușescu. Avec froideur et austérité (le style n’est pas sans rappeler celui des frères Dardenne), le récit évoque la corruption d’un système, la pauvreté sociale mais aussi les valeurs humaines plus nobles dont celui du sacrifice. Bref, une œuvre lugubre où le désenchantement reste total.