Ce film applique un effet kaléidoscopique à la vision de la vie. On y aperçoit alors sa vie sublimée par des milliers de facettes, au travers d’un esthétisme indéniable, présent tout le long. Un parti audacieux : plutôt que de nous imposer la vision habituelle de la mort, au travers du 'trou' de la vie, c'est ici l'exercice inverse, au travers d’un prisme sublimatoire. Assez original donc que cette vision. Excepté que l'on ne peut éviter les lieux communs tel la fameuse ‘lueur blanche’, histoire que tous ensemble, ne soyons pas bousculés, pris à revers mais bien dans un discours communément répandu. Au final, un film qui invite au paisible, à la méditation, à la sérénité, bref au grand calme. Surprenant alors d'avoir sollicité R. Duris, qui nous a habitué _ jusqu'à présent par son parcours _ à l'état d'euphorie inverse, soit la fantaisie pure. Casting osé en ce qui le concerne, mais parfaitement réussi. Et le jeu des acteurs est irréprochable (et crédible). Les amateurs de comédie légère, peuvent donc aller se rhabiller. Ici, on rentre au couvent, on devient grave et solennel. On n'est adulte, responsable, on ne plaisante ni avec la vie, ni avec “l'autre" non plus. Toutes les recettes sont ici appliquées pour nous sentir impliqués. Il y a beaucoup de ficelles (un peu grosses) mais on pardonne tant le but est d'arriver à cet état contemplatif de la vie, des émotions. Sensibles, ne pas s'abstenir. Légèrement commercial et racoleur justement, tant il y a des recettes et des raccourcis. Le dicton dit : peu importe le flacon, pourvu que… C’est le parti pris de la réalisation qui privilégie l’esthétisme, l’ambiance, la mesure, plutôt qu’un enthousiasme débordant de vitalité, justement pour tenter de nous faire adhérer à une forme de message. On parle ici de forme de message, pas de message. Heureusement, aucune morale finale, ni fin réelle. Tout reste ouvert, à méditer, si l’on accepte de ne pas bondir de son siège à la fin du film, pour se ruer vers la sortie. Comme un zombie nerveux. Ou un mort-vivant. Ou un vivant-mort selon la nouvelle définition imposée par le film. Subtile inversion. Un film qui joue beaucoup avec le spectateur, particulièrement avec ce genre de nuances d’ailleurs. C’est donc plus un exercice de style, parfaitement maîtrisé afin de nous transcender à un état. Piégé, on peut même trouver cela drôle de s’être si bien fait attrapé par une vision inversée des mots. Vivant-mort, mais bien vivant.