Cinq après le pas terrible Saint Ange et quatre avant The Secret, Pascal Laugier réalisait Martyrs, un long-métrage qui aura nettement fait parler de lui par son aspect dérangeant. Cela dit, chaque film de Laugier aura plus ou moins laissé derrière lui des avis assez mitigés. À bon entendement, il n’est dont pas totalement stupide d’avancer que sa filmographie – aussi courte soit-elle – ne laisse pas indifférent. Tout d’abord, il y a cette histoire de séquestration tordue qui voit la jeune Lucie plongée dans un profond mutisme. Le long-métrage semble alors avoir trouvé sa trame et pourtant, non. Ce n’est qu’une légère impression qui sera vite bousculée par l’arrivée coup de poing de nombreuses péripéties, où la violence est accentuée par une extravagante quantité d’hémoglobine bien rougeâtre. Vous l’aurez compris, Martyrs ne recule devant rien, que ce soit quelques innocents tués de sang-froid ou le simple regard des fans du réalisateur. En résultent donc une multitude de scène aussi crues qu’inattendues, où se mêlent une certaine portée philosophique et une vengeance sanguinolente. En effet, là où de nombreux films de genre plongent corps et âme dans la démence purement gratuite (les six suites de Saw en sont le plus bel exemple), Pascal Laugier trouve une véritable profondeur en chaque personnage et chaque évènement. Tout appartient ainsi à l’ordre de la réflexion. Premièrement, il y a ces personnes injustement séquestrées, destinées contre leur gré à déjouer les limites de l’âme humaine, à devenir martyrs – et non de simples victimes. Ce qui transparait à l’écran semble tout bonnement faire écho à ce qui se passe dans la tête du réalisateur, à savoir une envie de repousser les frontières du cinéma de genre. À lui donner de nouvelles saveurs qui écœureront sans doute quelques spectateurs et en raviront d’autres. Il en va de même qu’à travers un ultime soupir parfaitement bien mis en place – lors de l’époustouflante scène finale –, Pascal Laugier paraît laisser transparaitre toute son idée de l’au-delà, d’une manière tout à fait brillante. Enfin, Martyrs est aussi l’occasion de voir naître la folie, à travers des personnages fabuleux, interprétés par des actrices pas nécessairement célèbres, mais porteuses d’un très grand talent et d’une présence conséquente. Mylène Jampanoï s’avère époustouflante, en victime devenue schizophrène qui doit désormais faire face à ses propres démons (sa démone, en tout cas !). De son côté, la superbe Morjana Alaoui parvient à imprégner chaque plan d’une certaine innocence. Cette même innocence qui lui permet de jeter un ultime regard qui donne la chair de poule. En conclusion, plus qu’un énième film de genre où l’extrême violence règne en maitresse, Martyrs est une œuvre porteuse d’un message à la fois fort, malsain et dérangeant. Tout ce que l’on pouvait légèrement retrouver dans le précédent long-métrage de Laugier, Saint Ange, en nettement plus abouti.