L'histoire d'une fille qui va en prendre plein la gueule, dans tous les sens du terme ! Mais c'est pour son bien.
Avertissement : ce film est vraiment inutile pour les moins de 18 ans qui ont d'autres choses à penser, mais surtout, TOTALEMENT déconseillé aux déprimés et autres suicidaires. Pour les autres, c'est une question de goût et de capacité d'encaissement. Encore que personne n'a quitté la salle. Mais aller voir un tel film est un choix que l'on est censé assumer jusqu'au bout.
Pour résumer, mieux vaut être un minimum serein et bien dans sa tête avant de s'infliger cette épreuve.
Par ailleurs, les résumés du film par les critiques sont tous faux, pour ménager le suspense sans doute comme l'avait demandé le réalisateur, mais mieux aurait vallu ne rien dire.
Tout commence comme un film d'horreur normal teinté de vengeance aigüe, l'humour en moins.
Puis, au fur et à mesure que l'on peut s'accrocher à une suite logique, le récit nous déconcerte de plus en plus. On pense à un moment à du sado-masochisme, mais l'explication vient tout d'un coup (bien après !). Et il faut encore s'interroger pendant la deuxième moitié... où veut il en venir ? Tout en s'accrochant pour ne pas défaillir. Car contrairement à ce que j'écrivais pour la critique de « Dorothy », ici ce n'est pas du easy viewing, d'ailleurs, on ne peut même pas parler de film d'horreur tellement le sujet et son traitement dépasse le cinéma de divertissement. C'est du cinéma horrible, nuance. On pense pêle mêle à Greeneway et Cronenberg, attention, je ne parle pas du talent ou de l'esthétique du film, juste ce jusqu'au boutisme dans la démonstration de certaines choses malsaines et taboues dans notre société. Soit par lâcheté, soit par conviction qu'il vaut mieux vivre que de penser au plus important.
Car ce film a au moins une qualité, il part d'une idée assez géniale. Il a au moins un défaut, fallait-il passer par une ignominie pareille pour en faire la démonstration ? Même si l'apologie du néo-fascisme des « Saw » a fait couler moins d'encre, c'était au moins « amusant ». Ne serait-ce que parce qu'on ne le prenait pas trop au sérieux. Ici, à force de pathos, de l'utilisation de la torture exclusivement sur des femmes, et de la sensibilité de l'ensemble, on navigue dans des eaux beaucoup plus troubles. Mais pas réellement malsaines, puisque le scénario est très abouti, et n'a rien de gratuit.
Pour les défauts, on ne peut que déplorer la qualité de pellicule, la manière de filmer du début et quelques imperfections sur le réalisme de la fin, que ce soit la survie à la torture ou la manière de jouer de la femme blonde au téléphone, un peu trop typé série TV américaine sinon publicité.
Pour les qualités, on ne plonge jamais dans un voyeurisme dégradant, c'est puissant, on ne s'occupe que du récit, pas de sexe, on peut saluer un travail intellectuel qui atteint parfois l'ellipse. A part l'invraisemblance de la torture finale (mais on peut imaginer que le réalisateur s'est documenté pour savoir ce qu'un être humain pouvait supporter), et à part le créneau très insupportable du genre cinématographique, on peut parler d'une réussite... dans le genre.
En tout cas, un battement de calme d'un ou deux jours est nécessaire pour digérer le tout, car entre le questionnement sur la folie humaine et l'horreur visuelle, on en prend plein l'estomac, et même pour quelqu'un de solide, c'est pas si facile. Mais c'était sans doute le but poursuivi.
L'occasion de relire « L'éloge de la folie » d'Erasme de Rotterdam pour se souvenir à quel point la société de consommation endort et les athés, et les croyants, en ces temps désenchantés.
Par contre, inutile de dire que si vous avez besoin de revoir ce film ou d'acheter le DVD après l'avoir vu au cinéma, c'est que vous avez un sacré problème ! Mais après tout ça ne regarde que vous.