Le Jour où la Terre s’arrêta, version Derrickson, est un blockbuster qui a le mérite de ne pas être trop basé sur ses effets spéciaux, et de prendre le temps de conter une histoire, dusse-t-elle être pataude. Ce n’est pas si fréquent je dois dire, et en cela je salue le travail de l’équipe. Mais ça ne suffit pas non plus à faire un bon film.
D’abord car Derrickson est visiblement très mal à l’aise avec les scènes d’action et les scènes avec fx justement. S’il se montre plutôt honorable pour instaurer une ambiance et travailler ses personnages, dès qu’il s’agit de filmer des scènes de destruction ça devient un peu n’importe quoi. Brouillonnes, interrompues brutalement et en général lorsque ça commence à devenir intéressant, on peut vraiment se demander si le réalisateur n’aurait pas dû se faire assister, par exemple dans la dernière partie, par un spécialiste du genre de Michael Bay. Lui aurait vraiment tiré tout son potentiel des scènes de destruction, lesquelles laissent un peu sur la fin ici. Les effets spéciaux pouvaient être perfectibles aussi (le robot pas terrible), mais d’autres sont convaincants, et à la limite vu que le réalisateur les utilisent finalement avec parcimonie ce n’est pas si essentiel que cela. Je souligne que les décors sont corrects, l’ambiance plutôt appréciable, Derrickson venant du cinéma d’horreur est capable d’instaurer des atmosphères, et globalement le film est assez réussi, en dehors des restrictions ci-avant évoquées.
Le métrage propose une histoire simple que je ne détaillerai pas car cela révélerait quelques moments de suspens. Délivrant son message de façon pataude, il est probable que la mauvaise réception de ce film vient en grande partie de cela, tandis que le spectacle reste discret. Franchement, c’est clair que le rythme est un peu terne, mais Le Jour où la Terre s’arrêta a tout de même le mérite de s’attacher à ses personnages, de leur faire une vraie place, et de chercher à nous intéresser au fond. C’est naïf, peut-être caricatural, mais enfin, il reste des séquences touchantes, ce n’est pas trop mal raconté, et ça change un peu des invasions aliens classiques. Ce n’est pas le film de SF du siècle, mais ça change, et cela en dépit de ses maladresses, c’est louable.
Le casting nous offre le meilleur du film. Très bon Keanu Reeves dans un rôle sur mesure pour lui. Peu expressif, charismatique, costume taillé sur mesure, Reeves nous joue un personnage qui lui sied à merveille, et qu’il porte avec sa sobriété coutumière. Jennifer Connelly est excellente et parvient à s’imposer dans un rôle pas facile, jonglant entre ses activités de scientifiques, sa nécessité de discuter avec Reeves et celle de s’occuper de Jaden Smith, son gamin pas très stable. En clair, elle a plus de boulot d’actrice à abattre que Reeves, et elle le fait bien. Autour d’elle, Jaden Smith, correct mais sans plus, et des seconds rôles notables : Kathy Bates, John Cleese, Robert Knepper par exemple sont venus faire un tour ici. Parfois discrètement (Knepper), parfois de façon plus notable (Kathy Bates).
En conclusion Le Jour où la Terre s’arrêta est peut-être trop court. Pas mal de passages auraient mérités plus de développement (John Cleese), et le film aurait gagné en fluidité, en nuance, et aurait paru du coup moins caricatural et moins lourdaud. Cela dit, c’est un film de SF plus ambitieux que la moyenne, et malgré ses défauts, il a aussi des atouts de poids comme le casting. 2.5, et cela aurait pu être plus si Derrickson avait bien mieux maitrisé l’action.