Évidemment, cela ne fait pas tout à fait le même effet lorsque vous venez de lire le roman de Pierre Boulle quelques jours auparavant. Et pourtant... Je trouve même, d'une certaine façon, qu'ils sont très complémentaires. L'un n'a pas forcément les qualités de l'autre, et vice-versa. L'essentiel étant clairement que Michael Wilson et Rod « La Quatrième Dimension » Serling aient fait un travail d'adaptation absolument remarquable, changeant énormément de choses vis-à-vis du livre, presque toujours avec succès. Ce n'est pas que c'est mieux ou moins bien : juste différent, ces choix se révélant toujours cohérents avec l'univers créé pour l'occasion. On y perd peut-être un peu en profondeur, notamment dans cette logique du « grand remplacement » simien, ou encore cette idée que les singes ne font, ni plus ni moins (voire moins), ce que nous faisons à de nombreuses espèces animales sur la Terre, le personnage de Nova étant ici plus décoratif qu'autre chose. Mais y gagnons aussi en efficacité, en action, ce qui était presque obligatoire, le récit original en proposant finalement très peu
(la « chasse à l'homme » exceptée)
. En définitive, seule la structure globale et l'esprit de l'auteur sont réellement respectées, ce qui était évidemment l'essentiel, donnant presque l'impression d'une œuvre originale, dont on ne connaîtrait l'histoire que très partiellement, ce qui ne peut être que le signe d'une adaptation réussie. Pas mal de modifications également du côté des protagonistes, et notamment du héros, presque romantique dans le roman, ici doté d'un cynisme assez dingue pour l'époque, interprété par un Charlton Heston monstrueux de présence et de charisme, plutôt bien entouré par une troupe d'acteurs dont le maquillage saisissant a marqué l'Histoire de la science-fiction. Quant au dénouement, on le connaît depuis par cœur, difficile, donc, de vraiment s'en émouvoir, mais force est de reconnaître, encore aujourd'hui, qu'il a de la gueule. Franklin J. Schaffner est à mon sens un cinéaste très sous-estimé, cette « Planète des singes » étant, certes, son plus grand fait d'armes (du moins commercial), mais dont la carrière, de façon générale, serait grandement à redécouvrir et à réévaluer.