C’est probablement le film qui a mal vieilli ou bien c’est peut-être simplement moi qui suis un peu trop sévère vis-à-vis d’une science fiction des fins d’années 60, mais très franchement je m’attendais à beaucoup mieux. Niveau maquillage et rendu des singes, je ne peux que louer le laborieux travail fourni, un résultat de qualité, c’est réussi, il y a des regards expressifs, des bouches qui articulent bien, des visages qu’on reconnait au milieu de dizaines de singes, seule la tentative de faire passer des baisers est complètement ratée. Les décors par contre ça ne le fait pas trop, c’est kitsch, ça a subi l’effet du temps et ça n’est pas très joli à voir. Heureusement que l’idée d’inclure de somptueux paysages qui nous apportent un véritable bol d’air frais nous change d’images bien moches. Ce qui m’a déplu, au-delà du scénario, ce sont les acteurs, enfin pour le peu d’humains qu’il y a c’est très moyen, surtout pour le plus représentatif, Charlton Heston, que j’ai trouvé bien médiocre. Les dialogues non plus n’ont pas grand chose de transcendant, on n’est pas allé rechercher plus loin que l’extravagance du discours hautain d’un singe vis-à-vis de l’humain, incluant tout ce que cela implique comme adjectifs dégradants, avec pour but de nous surprendre et nous interperler sur le fait qu’on trouve si normal qu’un être humain prenne de haut un autre, le traite comme un animal ou plus généralement notre relation avec l’espèce animale elle-même de laquelle on ne se soucie aucunement ni des sentiments, ni de son droit à la vie. L’effet, faute d’être saisissant, ne laisse pas totalement indifférent non plus, on note bien le message, l’ironie, mais bon il ne faut pas s’attendre à une révélation non plus. Point de réel suspense, il faudra s’armer de curiosité pour suivre un scénario simplet, sauvé par quelques scènes intéressantes (le tribunal, la grotte, le face à face) et gâché par des faits incompréhensibles ou autres incohérences
(Pourquoi avoir délaissé la valise de survie du 4ème passager? Pourquoi prendre un chemin arbitraire plutôt que de suivre le cours d’eau? Pourquoi le héros perd-il sa voix?)
, sans être à la hauteur du potentiel qu’offre la situation posée. Il y a des efforts pour dresser une satire politique, pour critiquer une justice qui ne dessert que les intérêts des plus puissants, pour démontrer la manipulation à travers la doctrine religieuse et enfin pour dénoncer la guerre et l’adversité. Malheureusement la manière y a été trop peu ambitieuse pour mériter des éloges, trop superficielle pour ainsi dire. Seule la fin en mérite véritablement, l’effet de surprise, les sous-entendus sont là, c’est une conclusion idéale bien qu’insuffisante pour redresser le niveau global du film. Il manque indéniablement à « La planète des singes » ce côté malin lui permettant de sauter de branche en branche des organisations sociétales tout en y glissant à chaque fois une dose extrême d’ironie, le spectacle en aurait été non seulement captivant mais aussi moralisateur, il n’est ici ni l’un ni l’autre, il est à peine évocateur, loin de quelques années lumières d’un chef d’oeuvre du cinéma.