Les Dents de la mer (ou Jaws), réalisé par Steven Spielberg (déjà 73 ans), est un incontournable du cinéma (trois Oscars), inspiré du roman éponyme de Peter Benchley. Il fut d'ailleurs pendant deux ans le plus gros succès cinématographique de tous les temps (détrôné en 1977 par... Star Wars). Le réalisateur américain y met en scène un été 1974 tragique sur l'île fictionnelle d'Amity, où une force mystérieuse de l'Océan provoque la mort d'une jeune femme qui nageait tranquillement au large (durant la première scène, l'une des plus impressionnantes). Cette force mystérieuse des fonds marins n'est d'autre qu'un requin affamé, qui prend les touristes et les habitants de l'île pour son repas. Se lance alors, après un moment de panique générale, une grande traque afin d'abattre le squale... Le chef de la police locale, Martin Brody, et un pêcheur grincheux, Quint, partent le tuer. Ils joués respectivement par Roy Scheider et Robert Shaw (reposez en paix messieurs), qui sont tout bonnement parfaits, tout comme l'expert en requins Matt Hooper qui les accompagne, interprété par Richard Dreyfuss. Au charisme des trois acteurs principaux s'ajoute l'excellente, que dis-je, la brillante bande son de John Williams. Mémorable. Le maître Spielberg, alors âgé de 28 ans, a produit un film ayant dégagé 461 000 000$ de bénéfices. Pour l'époque, c'est tout à fait inédit, surtout quand on sait que le film a failli ne pas voir le jour à cause de retards et d'un dépassement de budget ! C'est un succès mondial à l'époque, notamment en France, avec 6,2 millions d'entrées dans l'Hexagone. Il est toujours aussi culte en 2020, même s'il a sans doute donné naissance à des films du genre peu ambitieux artistiquement, mais très efficaces commercialement. Spielberg nous montre l'étendue de son talent avec des scènes cultes (la femme du début, le pêcheur et son passage à bord de l'USS Indianapolis, etc), et une prise de vue plus qu'intéressante en nous mettant à plusieurs reprises à la place du "prédateur". Les effets spéciaux tiennent toujours la route, malgré le côté artificiel du grand requin blanc, assez visible. L'astuce utilisée par Spielberg et son équipe, qui consiste à ne pas trop le montrer (pour éviter de gâcher l'immersion et stimuler notre imagination) prend tout son sens aujourd'hui. Pour les sceptiques, sachez que l'efficacité de ce récit d'horreur est complétement prouvée : dans les années 70 (et encore aujourd'hui), certaines personnes n'osaient même plus mettre un pied dans l'eau, de quoi pousser les touristes à délaisser les stations balnéaires pour la montagne... C'est incroyable de constater à quel point le septième art est puissant ! Cela prouve aussi que le contrat a été parfaitement rempli, les spectateurs ont eu peur (j'ai sursauté lors de nombreuses scènes que je connaissais déjà, et cela, on le ressent beaucoup moins dans les films de ce genre qui ont suivi, tels que En eaux troubles ou encore Peur bleue). Je ne suis pas friand de films d'horreur sur les requins, mais je ne comprends en aucun cas toutes les critiques que peut recevoir ce film. Certains affirment que l'image du requin y est dégradée, que c'est à cause du film qu'ils sont de plus en plus menacés... mais je pense qu'en allant au cinéma, c'est au spectateur d'être assez mature pour différencier la fiction du réel. De plus, la phobie des fonds marins existait bel et bien avant Les dents de la mer. Celui qui est aujourd'hui considéré comme le premier des blockbusters américains m'a profondément marqué, dans le bon sens puisque j'arrive encore à me baigner, ouf ! Petite mention spéciale pour l'édition 4K Ultra HD sortie cette année pour les 45 ans du film, qui est un pur bonheur pour les yeux...