Qautre ans aprés "Duel", qui montrait déjà l'étendue du potentiel du cinéaste le plus bankable de tous les temps, Steven Spielberg revenait (en force et en forme) avec "Les dents de la mer". Véritable passionné pour la culture cinéphilique, le maestro aura sur son passage, à titre indicatif, populariser l'un des inspecteurs les plus influents de la télévision : Columbo. Dire que la contribution de Spielberg est moindre, serait insulter une grande partie de l'héritage qu'il laisse au séptiéme art. A la sauce Hitchcockienne, Spielberg suggére la peur plus qu'il ne la dévoile et laisse planer le suspense, l'angoisse et la terreur dans chacun de ses plans, sans ne jamais brusquer les événements. Pourtant issu d'un tournage chaotique, où maints conflits naissérent et la maniabilité du requin mécanique contestable, "Les dents de la mer" s'en est vaillament sorti. Sa notoriété n'a céssé de croitre de jour en jour, d'année en année, de décennie en décennie, pour devenir l'un des cultes les plus incontournables de l'histoire. La mise en scéne est une démonstration de virtuosité, qui fait pâlir les amateurs dés la scéne d'ouverture. Telle une menace fantômatique, le requin rôde mais ne se dévoile jamais. Aussi, quand une jeune fille téméraire se glisse dans les eaux tiédes de la mer en pleine mer, elle est loin de s'imaginer ce qui l'a guette sous les calmes vagues. Et pourtant...inoubliable, ce prologue laissera à lui seul une trace, si bien que de nombreux vacanciers la joueront moins opportunistes quand il s'agira de profiter de la chaleur de l'été pour se rafraichir. Découpé en plusieurs parties, "Jaws" ne souffre d'aucune lenteur rythmique narrative et s'oriente, plan aprés plan, vers une solution d'apparence déséspérée. Les autorités locales, malgré l'insistance de Roy Scheider (impeccable) chef de police, ne prendront aucune décision hâtive afin de ne pas bousculer les enjeux économiques de l'été (dont le jour de l'indépendance qui se prépare). L'argent est roi, la stupidité des hommes pointée du doigt. Mais aprés diverses attaques meurtriéres d'un certain solitaire, ces rustres mangeurs de dollars finiront par capituler. Apprennant enfin le sens du mot "responsable", le maire finira par déclarer la chasse ouverte. Voilà donc qu'un océanographe (Richard Dreyfuss), un chasseur de requins cynique et pittoresque (Robert Shaw) et notre chef Brody feront équipe dans l'intérêt économique et vital de cette plage touristique. L'Orca, petit chalutier que l'on a bien du mal à voir supporter les assaults successifs du predateur, va conduire notre petite équipe vers la taniére du monstre. Aprés de multiples stratagémes, idées vagabondes et tentatives épuisées, arriveront-ils à s'en débarasser ? Steven Spielberg n'oublie pas de joncher son récit d'indications autour des protagonistes. Aussi, on sait d'où ressort l'excentricité caracterielle de Quint et ce qui l'améne à s'auto congratuler, de même que certains mettront leurs peurs de côté pour leur survie. L'instinct primaire prend le dessus. Tels des requins, les hommes se lévent de leur torpeur et agissent. L'ensemble est brillament orchestré par John Williams qui signe une bande originale aussi cultissime que le sont les notes de Carpenter ("La nuit des masques") lors de chaque extrait précédant l'arrivée du requin. Steven Spielberg, entouré d'une équipe impliquée, offre une légende du cinéma avec "Les dents de la mer" et devint le réalisateur d'époque le plus adulé. Comme quoi, l'horreur râllie les égos. Merci Spielby.