"Jaws" de son titre original n'est que le troisième long métrage de Steven Spielberg mais c'est avec celui ci qu'il contribua a "crée" le blockbuster moderne. Ce film a gros budget et à la campagne marketing étouffante, capable de rameuter dans les salles obscures toutes les tranches de la population et si possible durant l'été tout en rafflant pleins de brousouffe. Ce type de productions est en train de crever et doit être repenser mais ce doit de toujours exister pour le bien du cinéma, ce que peu de monde comprennent. Bref je m'égare, revenons à nos requins. Si "Jaws" a si bien marqué son époque et marqué plusieurs générations c'est parce que Spielberg, a su justement parler aux plus grands nombres. Dans les années 70 le cinéma hollywoodien se cherchait, très inspiré par la nouvelle vague française mais ne s'adressait pas au plus grand nombre. "Jaws" ne fait aucune distinction, c'est une histoire et rien qu'une histoire, comme on peut raconter à un enfant et pas un film à thème. Pourtant "Jaws" est typiquement 70's, à mi chemin entre le réalisme typique de l'époque et le fantastique. Les scènes d'attaques du requin et de panique sur la plage sont d'une maîtrise de mise en scène imparable. Le requin, l'élément fantastique du film, est selon Spielberg, la version aquatique du camion dans son premier long métrage, le fameux "Duel". Froid, sans sentiment, le monstre ne fait qu'avancer et tuer tel une machine que l'on ne peut stopper, son oeil sans vie ne fait que renforcer ce sentiment que la créature est sans vie. Le méchant parfait. A cause des contraintes technologiques, le suspense très hitchckokien du film est né au montage, Spielberg a limité les apparitions de Bruce le requin. Ce faisant, l'angoisse et la peur de l'inconnu sont renforcés, d'autant plus que l'on se sent encore plus proche du personnage principal humain, incarné par Roy Scheider, qui a peur de l'eau. Le suspense de "Jaws" est donc plus humain et universel puiqu'il parle d'affronter sa peur. Formule souvent copié, jamais égalé. Et comment ne pas terminer sur la musique mythique de John Williams sans qui "Jaws" ne serait pas "Jaws" ? un thème simple, deux notes seulement, mais qui a marqué l'inconscient collectif. Malgré son âge, "Jaws" n'a pas pris une ride, la construction du suspense est un modèle, le scénario parle plus d'humains que de monstres, la mise en scène qui croit suffisament au spectateur pour laisser ce dernier faire lui même le montage ( Spielberg coupe quand la narration l'exige ) est un modèle de pureté et de paroles par l'image. Bref, un chef d'oeuvre.