Avec ce film, Ridely Scott nous peint une nouvelle face d'un monde en guerre, avec un sujet sensible et d'actualité: l'actuelle guerre d'Irak, entre musulmans et américains. Mais le brillant réalisateur ne se contente pas de nous recycler un film de guerre fade et sans âme ou une enquête insipide à l'amer gout de déjà-vu. Non, il va plutôt mixer les genre et nous livrer une galette dont lui seul à le secret. Mensonges d’État se révèle être un excellent film, mature et réfléchi, et ce à tout point. Ainsi le film se repose sur une charpente plutôt solide; je veux parler par là du scénario du film, mitonné aux petits oignons, mélangeant habillement action, drame et thriller. Le scénario, se dévoilant un peu plus au fur et à mesure que le temps passe, est riche en rebondissements et en découvertes vite passionnantes. L'histoire prend tout son sens à travers le rythme du film, globalement nerveux mais là encore parfaitement dosé. Aucunes longueurs donc, tout est à garder, et on se régale. La mise en scène est encore une fois de haute volée, comme nous l'a quasiment systématiquement habitué Mr Scott, et la caméra sait se faire sentir tantôt convulsive, tantôt plus sereine ou aérienne (à noter de magnifiques paysages désertiques). Les deux personnages principales, aux caractéristiques opposés, sont tous deux impeccablement interprétés par deux grands acteurs: Dicaprio en homme de terrain casse-cou mais efficace et Russel Crowe en bureaucrate bien en chair, supervisant l'enfer de la guerre, confortablement installé dans son fauteuil, à des milliers de kilomètres de la zone de confrontation, bouffant une petite part de pizza.
L'opposition subjective entre les deux acteurs est un vrai régal. Le reste du casting est très convenable. En plus d'une bande son envoutante et parfaitement raccordé aux séquences du film, cette production à budget impressionnant réussi son pari: captiver le spectateur en lui proposant des scènes variées, une intrigue captivante et un suspense qui va crescendo jusqu'à la fin.
Le film n'est cependant pas un chef d’œuvre car il reste assez classique en somme, et ne plaira pas forcément à certain car son côté irrévérencieux et pro-américain est un peu dérangeant (cependant il évite soigneusement de stigmatiser tous les arabes et joue dans la finesse, dans la nuance... dans le véridique donc).
Bref, en conclusion nous voilà devant un très bon cocktail. Ridley Scott à frapper fort, et juste, et nous prouve qu'il sait s'y faire en matière de cinéma, même lorsqu'il ne s'agit pas de superproduction historiques (gladiator) ou de science fiction (alien...). Bravo "papy Scott"!