Quatrième collaboration en huit ans entre Russell Crowe et Ridley Scott, Mensonges d'État nous fait suivre un homme de terrain du renseignement américain, capable de se sortir de toutes les situations compliquées et qui va devoir s'infiltrer pour débusquer un dangereux terroriste.
Après le remarquable American Gangster sorti une année auparavant, Ridley Scott s'attarde donc sur la CIA et les conflits au Moyen-Orient par l’intermédiaire de deux principaux portraits, celui d'un homme de terrain qui n'a aucune réelle vie, et celui d'un dirigeant de la CIA dirigeant tout depuis son ordinateur chez lui. Le metteur en scène de Gladiator va notamment s'attarder sur les risques encourues par l'homme de terrain, ainsi que les secrets et mensonges de la CIA, qui ne doivent surtout pas être divulgués.
Alors, il y a un petit air de déjà-vu dans Mensonges d'État, l'impression aussi de voir un Ridley Scott plutôt impersonnel, manquant de créativités et ne sachant pas vraiment donner une réelle et forte dimension à son oeuvre, l'émotion étant aussi absente. L'oeuvre va trouver son salut dans le portrait de l'homme de terrain, vraiment intéressant, notamment via ses enjeux et dilemmes, ainsi que dans l'efficacité de la mise en scène et un certain savoir-faire de Scott, notamment dans le montage et la construction du récit.
Le film est aussi intéressant dans la façon dont le metteur en scène anglais propose une vision sans concession des chefs de la cause islamiste qui vivent richement et grassement pendant qu’ils envoient des jeunes fanatiques se faire exploser aux quatre coins du monde, mais aussi de la CIA, de sa puissance technologique et de leurs véritables activités. Il évite une retranscription manichéenne de ce conflit, ce qui est la moindre des choses, et, à défaut de vraiment proposer une réflexion, intéresse et intrigue, sans en devenir lourd ou jugeur.
Mensonges d'État bénéficie par contre de certaines séquences vraiment bien foutues voire spectaculaire, cassant la monotonie du récit. Le côté réaliste est plutôt bien retranscrit et assez intéressant, permettant à l'oeuvre de connaître quelques moments de tensions bien sentis. Si Russell Crowe a dû prendre 20 kilogrammes pour le rôle, c'est vraiment Leonardo DiCaprio qui impressionne, tandis que la belle Golshifteh Farahani et Oscar Issac leur rendent impeccablement la réplique.
Ridley Scott propose avec Mensonges d'État une oeuvre plutôt intéressante, efficace et bien construite mais qui semble tout de même déjà vu, et ne proposant rien de nouveau, que ce soit dans les propos ou la dimension.