Cette rocambolesque histoire de famille (à rebondissements), façon romans populaires du 19ème siècle, supplémentée au coquin (l'héroïne étant initiée aux "plaisirs de la chair" par un amant, puis une amante), autant qu'à l'épique (les campagnes en Libye, la Grande guerre) est filmée à dessein théâtralement, avec une succession de tableaux en forme de chronique de moeurs (Sicile, début 20ème, dans une haute société très pudibonde, et en plein "décadentisme", à la D'Annunzio, le POETE, exilé pour cause de dettes sur la côte landaise, que les Corrao vouent aux nues, et dont Eugenia s'approchera, lors de son périple avec Lydie), et, en fil rouge, les aventures picaresques d'Eugenia, Raimondo, les riches Di Maqueda/Corrao, et Silvano, le chauffeur de Mme. On est au-delà des codes du vaudeville classique, puisque la femme et le mari sont persuadés d'être soeur et frère consanguins (même père), ce qui convoque morale et religion, et par ailleurs, s'il est question de frustration sexuelle (pas de possibilité de consommer le mariage) et de galipettes inappropriées aussi, car entre aristocrate et plébéien, la ressemblance avec un récit psychologique façon "Amant de Lady Chatterley" s'arrête là. Comencini signait donc, en 1974, une nouvelle comédie satirique (et érotique) : un genre "léger" que la critique de l'époque jugeait volontiers mineur, quand le cinéma transalpin d'alors était généralement plus engagé, et un film beaucoup moins fort, dans la veine critique, que par exemple "L'Argent de la Vieille", 2 ans plus tôt. "Mio Dio, come sono caduta in basso", film "historique" (à reconstitution impeccable d'ailleurs - décors et costumes), est une "fantaisie" sicilienne, cocasse autant que romanesque. Une ressortie en "copie restaurée" permet de re)découvrir côté interprètes la splendide Laura Antonelli, star incontestée des comédies érotiques des seventies, Michele Placido (qui a évolué depuis quelques années vers l'écriture et la réalisation - "Romanzo Criminale" - après une très belle carrière d'acteur) et Alberto Lionello (que j'avoue ne pas connaître) en mari (et nouveau riche) irrésistiblement caricatural. On note aussi quelques scènes avec Jean Rochefort en Parisien tentant sa chance lors de l'étrange voyage de noces du début, et d'autres avec l'Allemande Karin Schubert (parlant, grâce au doublage, un parfait italien - Lydie, une journaliste et amie intime d'Eugenia), la reine du français "La Folie des grandeurs" (1971), qui finira dans le porno sa carrière cinématographique, se demandant peut-être alors à son tour : "Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas"...