Les relations humaines chez Kim Ki-Duk sont illustrées par un triangle, figure que l’on retrouve dans presque tous ses films, avec une constante également dans les éléments de ce triangle : une femme et deux hommes. Ici, il est question de relations amoureuses, du désir, des stratagèmes de reconquête de ceux qu’on a perdus.
À force d’épurer tout ce qui concerne le contexte social, le film bascule souvent dans un schématisme théorique. Les personnages se comportent comme des pantins, guidés par une sorte de déterminisme sentimental, et sous les actes qui peuvent paraître étranges, il y a beaucoup de symboles, plus ou moins psychanalytiques. Ce que fait d’ailleurs le personnage féminin en allant raconter au prisonnier muet des souvenirs d’enfance douloureux et enfouis s’apparente à des séances d’analyse. Lorsqu’ensuite, elle se met en scène devant ce même personnage, avec costumes, musique et décors, on peut imaginer qu’elle se crée une thérapie personnelle pour retrouver tout ce qui faisait son bonheur, jeunesse, désir amoureux, insouciance…
Tout cela est observé avec des caméras de surveillance par le directeur de la prison, dont on ne voit pas le visage, mais dont on sait qu’il est joué par… le réalisateur lui-même ! Symbole un peu énorme, si énorme d’ailleurs qu’on peut se demander si ce n’est pas fortuit… Le réalisateur dirige tout, intervient lorsque ses personnages lui échappent, et a de toute façon l’emprise totale puisque tout ou presque se passe dans une prison.
Film élégant, précis, très maîtrisé, ce "Souffle" manque tout de même de chaleur, d’humanité, de spontanéité, de vie…