Khaled Ghorbal, le réalisateur d'Un si beau voyage explique ce qu'il a voulu évoquer dans son film : "La traversée de la vie, l'exil, la mort, aussi celle que l'on peut se donner, sont des sujets qui m'habitent de longue date et je ressentais le besoin d'en faire un film, un jour. La proposition de ce film n'a nullement la prétention d'exprimer une quelconque maturité ou clairvoyance. Le désir profond de plonger, de vivre ce voyage et d'aborder ces questions, s'est imposé à moi comme une évidence. C'est à travers Mohamed, ce personnage simple et complexe, comme peut l'être la vie, que je propose de partager ces questionnements. (...) Un si beau voyage ne se veut pas tant la chronique ordinaire d'un ouvrier immigré qu'une fable sur l'exil et la solitude, un hommage à tous ceux qui vivent "à côté" de chez eux, et bien souvent d'eux-mêmes, en décalage."
Un si beau voyage est le dernier film de l'acteur Farid Chopel, décédé le 21 avril 2008 à l'âge de 55 ans d'un cancer foudroyant, peu de temps après la fin du tournage. Grande figure de la vie nocturne des années 80, le comédien et chanteur français s'était révélé avec la pièce de théâtre L'Aviateur, puis avait tourné sous la direction, notamment, de Marco Ferreri, Josiane Balasko et Bertrand Blier. On l'a vu à l'affiche de L'Addition, La Femme de mon pote, Sac de noeuds ou encore La Vengeance du serpent à plumes. Si des problèmes d'alcool et de drogue l'éloignent de la scène durant les années 90, il revient sur les planches en 2003 avec son one-man show Le pont du milieu. Richard Bohringer et Alain Robbe-Grillet lui font ensuite confiance en lui offrant un rôle dans C'est beau une ville la nuit (2006) et Gradiva (2007).
Khaled Ghorbal, le réalisateur d'un si beau voyage, évoque sa relation avec l'acteur Farid Chopel, disparu peu après le tournage. "A notre première rencontre, l'émotion était forte. A ce jour, elle reste aussi vive", raconte-t-il. "Nous avons travaillé pendant un an avant le tournage, à raison de deux à trois séances par semaine. Ces moments nous ont permis de nous rapprocher de plus en plus. (...) Il était conscient que le film reposait sur lui essentiellement. Sa modestie, son professionnalisme, son acharnement au travail et sa capacité d'écoute, qualité essentielle de l'acteur à mes yeux, nous ont permis d'aller au bout de l'aventure. (...) Ma rencontre avec Farid est l'une des plus exceptionnelles de ma vie. J'en suis très heureux."
L'auteur et metteur en scène Brigitte Morel, la compagne de Farid Chopel à la ville, évoque la dernière expérience cinématographique de l'acteur : "Farid a rencontré et a aimé ce personnage qui est en vérité très proche de l'homme qu'il était dans la vie. Un homme simple et léger, courageux, secret, authentique. Je suis tellement heureuse que Farid ait pu faire ce film avant de s'en aller. Ce film abrupt et beau qui me semble n'avoir eu qu'un seul but : faire éclater aux yeux, faire exploser au coeur, la grandeur et le dérisoire de notre condition humaine, si belle, si pleine de désir et si déchirante."