John Hillcoat réalise avec "La Route" une œuvre simplement incroyable, n'ayant pas lu l’œuvre originale (ce qui ne serait tarder) je juge celle-ci en tant que simple film avant tout. Et il faut dire que c'est un sacré film. Le premier plan annonce directement la couleur : l’apocalypse (de manière ambigu), directement suivit d'une ellipse, nous sommes alors plongé dans un océan de débris, en compagnie d'un père et de son fils, errant tout deux depuis apparemment plusieurs années (le passé se révèle au travers de flashback disséminé le long du chemin), cherchant à atteindre l'océan et le Sud. Dans cet univers dystopique, ce qui marque en premier ce sont les couleurs, un filtre les ternies à outrance, retirant une grande partie des couleurs à la plupart des images, sauf aux humains et à certains objets du passé, immaculés, mais surtout aux rêves du protagonniste qui sont eux éclatant de couleurs vives, marquant avec force le contraste entre l'onirisme et la réalité, aussi violent soit-il. Dans ce film, ni zombies, ni menace externe, mais seulement une lutte pour la survie, durant laquelle les seuls ennemis sont les autres survivants. Ainsi, la plus grande menace se révèle de nature humaine (ou plutôt de ce qu'il en reste); entre les cannibales, les pilleurs et autres énergumènes, dont on ne voit plus en eux grand chose d'humain, le périple s'annonce risqué. Le fils est d'ailleurs rudement touché par les événements extérieurs, et les actes de son père, qui ne le laisse pas indifférent, à divers moments, si bien qu'il demande à plusieurs reprise à son père si tout deux sont toujours des "gentils", un choix très judicieux de faire reposer sur un personnage qui n'a rien connu d'autre que cette version du monde, tout ce qu'il y a de bon dans l'être humain. Si certains pourront trouver le film long, pour ma part, je n'ai pas vu le temps passer, je l'ai trouvé extrêmement bien construit, visuellement très beau, et porté par un très bon Viggo Mortensen, époustouflant, dans un rôle assez difficile à jouer, une mention spéciale à Kodi Smit McPhee également, qui fait preuve d'un très bon jeu. En somme, "La Route" est une réalisation qui porte à la réflexion et qui ne laisse pas de marbre, à voir absolument pour les amateurs du genre, et pour les autres.