Il existe très peu de blockbuster qui propose une telle réflexion sur l'être humain, "La Route" de John Hillcoat ne vous laissera, quoiqu'il arrive, pas indifférent. Une forme de Science Fiction inédite et originale dans le genre, mais un fond philosophique et très soigné, le film à tout pour plaire.
L'histoire de ce père et de son fils, dont l'on va suivre le voyage durant 1h47 à travers un monde post apocalyptique, terrifiant et qui semble pourtant tellement réaliste, le ciel noir, la brume toxique et épaisse qui semble enfermé les survivants dans ce monde, les cendres dispersées rappelant le chaos que connaît le monde. Le pire c'est que nous ne connaissons rien, les personnages eux mêmes ne savent pas ce qu'il s'est passé, ce qu'il se passe, où ce qu'il va se passer, tout est une question d'adaptation et de survie. Sur ce point j'aimerais faire remarquer que nous avons très peu de détails concernant les causes de l'apocalypse dans lequel nous plonge le film, à mon sens le réalisateur veut nous faire comprendre que ce sont bien les hommes qui ont rendus le monde ainsi, même si on ne le voit pas le monde est spirituellement pourri, dans le film la Terre devient pourrie matériellement. Ce sont ces mêmes hommes, qui malgré le chaos, l'incompréhension, et le dénouement fatal approchant qui détruise encore et toujours les autres, que ce soit les parcelles restantes d'humanité, comme le semblant de nature subsistant. L'homme est-il naturellement bon ou naturellement mauvais, le film relance le débat car si certains personnages semblent cruels au premier abord, qui vous dit que leur victimes ne l'ont pas autant été, le père ne devient-il pas aussi monstrueux jour après jour? Notons aussi que perdus dans un monde sans repères, l'homme revient au fondamentaux, faisant de l'hygiène, de l'apparence, de sa sociabilité un besoin secondaire, se concentrant désormais sur sa survie personnelle qui ne tient qu'a un fil, et à manger ce qu'il reste, ce qu'il reste ce sont les hommes. Ainsi le cannibalisme réapparaît, les pratiques barbares et primaires comme la chasse à l'homme deviennent le quotidien de nombreux êtres. Pourtant malgré cette noirceur absolue, dans les décors comme dans les personnages, l'espoir du spectateur se porte étrangement sur les deux protagonistes principaux auquel on s'identifie aisément, le père prudent, sage qui connaît l'ancien et nouveau monde, guettant le moindre danger et apparent comme un sauvage, pourtant c'est l'amour qui prédomine chez lui, pour sa femme, pour son fils, son espoir à lui qui sait ce qui l'attend prochainement...Le fils innocent, ne connaissant pas l'ancien monde ayant toujours vécu dans cette Terre inconnue qu'est celle des hommes, à eux deux ils occupent l'écran et traîne leur carcasse dans ce pays désolé, suivant La Route, qui doit les mener à la mer, un but concis mais vain puisque ce but n'a aucun enjeux. Il n'y a rien au bout de La Route si ce n'est la mort, la Route est donc la Vie.
Pour revenir à des choses plus concrètes, Viggo Mortensen est exceptionnel, tant sur l'émotion que sur le charisme ou le ton. Il habite son personnage de manière hallucinante, et on ne peut que pleurer en voyant l'endurance hors norme, le courage et la lâcheté qu'il assume et dont il fait preuve, Robert Duvall est excellent, le jeune Kodi Smit-McPhee tout autant, enfin le casting certes mince mais intense est complet et parfait.
On ne peut s'empêcher de se mettre à leur place, et vous si vous surviviez, que seriez vous? Un gentil? Un méchant? Que vaut-il mieux être dans ce monde dévasté? A mon sens il n'y a qu'une réponse possible à toute alternative concernant cette vie future chaotique, cette réponse c'est la mort.