Mon avis est vierge de comparaison avec le livre ; je ne l'ai pas lu.
Mortensen, irréprochable comme toujours. Sa performance brillerait si le personnage incarné n'était pas lui même si plat. Car c'est là que réside le problème du film, qui touche tout jusqu'au personnage principal : une platitude à l'image de l'univers du film. Il y a une différence entre être réaliste et être terne. La psychologie, logiquement point central du film, n'est pas développée.
En effet, le personnage principal se voit expliqué en quelques flash backs stériles, on assiste donc aux errances mentales d'un père qui vagabonde entre l'abandon total, et l'envie de survivre, tout compte fait. Alternativement, on passe donc du coq à l'âne, de la folie à la résolution, du désespoir à l'espérance. Prêt à tuer, prêt à se tuer, prêt à traverser la terre entière, prêt à poser son auguste fessier de héros au moindre pépin... Il faut savoir ! À ce compte là, autant basculer dans le personnage schizophrène ; une touche de fraîcheur par l'originalité, et surtout, surtout, une cohérence.
Mais le film repose sur l'enfant, soit. Alors voyons plutôt.
Chose qui me révulse, mais auquel on n'a d'autre choix que se conformer, les jeunes acteurs jouent toujours un enfant plus jeune qu'eux. Mais là, on assiste aux caprices d'un enfant de 4 ans... Ce qui relève de l'incohérence. Mais, accédons aux desideratas des scénaristes, et fermons les yeux sur ce plot twist. Pourquoi diable l'enfant est-il aussi insupportable ?! Il en fait autant baver au spectateur qu'à son père. De même, sa psychologie n'est pas développée, il se comporte simplement comme un enfant pourri gâté, investi de principes qu'il n'a, en aucune façon, eu de moyens d'acquérir. J'entends par là que je ne m'explique pas qu'un enfant se comporte de telle façon, comme s'il avait vécu l'avant et l'après apocalypse, et qu'il en souffre, alors qu'il a, logiquement, toujours vécu de cette façon, et pire encore été éduqué dans ce monde. Tout particulièrement, son éducation n'étant pas terminée vu son âge, et vu comme son père la mène visiblement, il ne devrait pas aller à l'encontre de ses principes de vie fondamentaux, entre autres ici la survie, les consignes de sécurité, etc. De même qu'un enfant élevé dans notre société par quelqu'un d'intègre n'a aucune raison d'essayer d'assassiner qui il croise, le fils de Mortensen, dans ce film, ne devrait pas faire exactement l'inverse de ce qu'il a été formaté pour faire, systématiquement. Au mieux, s'il avait été plus vieux, il aurait pu se poser des questions morales, existentielles.
Mais finalement il ne parvient qu'à se montrer incohérent, insupportable, et ce pour mener à des situations qui elles, en plus de n'avoir pas lieu d'être dans l'univers qui a été (vaguement) établi, se révèlent au bout du compte stériles du point de vue du scénario, de l'intrigue, de l'accroche, et son suffisamment inintéressantes mais pas assez ridicules pour arracher un sourire à l’œil désabusé et critique.
Une fois la piste de la relation père-fils explorée, décortiquée, et classée dans la plus proche corbeille à papier, voyons ce qu'il reste pour un tel film.
La post apocalypse ; l'univers pardi ! Certes visité et revisité, il reste encore mille-et-une façons de décliner un univers aussi complexe qu'une Terre dévastée. Mais finalement, rien de rien. On sait vaguement que la Terre a été détruite, la balance penche plutôt vers une catastrophe naturelle, dont on ne connait ni la nature, ni la cause. Ce qui coupe court dès lors à tout développement. On saluera néanmoins l'esthétique du film qui colle très bien au thème, et sans être époustouflante (il n'y a pas de volonté de ce côté là de toute façon), se montre à la fois uniforme et variée, oppressante, froid, malade, toxique.. bref, une vraie réussite de ce côté là. J'ajouterai, mais en l'occurrence c'est probablement ma remarque la plus partiale, que je regrette la surenchère aux filtres, qui ont, à mon sens tendance à être un peu épais, ce qui peut gâcher une partie de l'expérience graphique de l’œil alerte.
Finalement, quoi ? La partie sociale ? Quelques références au cannibalisme, groupes armées, danger des survivants, l'homme est un loup pour l'homme, un vieil édenté caricatural pour le capital sympathie/bouseux américain classique... C'est survolé, cliché, et finalement n'apporte pas grand-chose, si ce n'est une petite ambiance. On ne parlera pas de la fin standardisée bisounours, qui elle également se montre incohérente, peut-être simplement gnan-gnan diront les plus indulgents, surtout du point de vue sociale.
Bon, et là... Ce n'est plus un avis mais une assertion de type coup-de-gueule : STOP PUB.
Alors, je sais que les sponsors c'est nécessaire, je sais que le réalisateur est relativement humble... Mais que diable, est-ce de l'art, ou du marketing ? La dignité n'a-t-elle plus de sens quand l'on en vient au septième art ? Canettes à la marque rouge, rangées de bocaux tous de la même marqué, etc... Ca manque de subtilité, et brise une immersion déjà fragile (si immersion il y avait, ce qui est compromis pour les spectateurs pointilleux tels que moi).
En conclusion, que dire ? Voilà déjà un certain nombre de conclusions négatives. L'impression générale que cela m'a donné, c'est que j'ai regardé des cuts d'un plus gros, d'un meilleur film, tous de la même scène. Tout est d'une monotonie navrante, outrepassant de bien loin le nécessaire pour instaurer l'ambiance théorique du film. Une oeuvre à développer et redévelopper, peaufiner, améliorer, ciseler... Mais pas une oeuvre à part entière à mes yeux pour sûr. Ou alors, peut-être un film d'auteur dans un contexte absolument non-compatible (quoi que, le film étant tiré d'un livre, cette hypothèse ne devrait pas même être une option...).
Je recommande de le voir pour se faire une opinion par soi-même, à comparer aux critiques de la presse, qui, je dois bien l'avouer, m'on laissé bouche bée. Mais si vous êtes juste féru d'univers post-apocalyptiques, de survivants, etc, que dire de plus que : passez votre chemin !
J'en ai encore des stupeurs froides ;
À bon entendeur.