Une expérience inoubliable. John Hillcoat est un réalisateur atypique qui prend son temps pour réaliser ses films. On lui attribue seulement quatre films réalisés entre 1988 et 2012 et dont le dernier film en date, Des Hommes Sans Loi, à fait pratiquement l'unanimité auprès de la critique. La Route est une adaptation à l'écran d'un roman écrit par Cormac McCarthy (auteur aussi d'un certain roman intitulé No Country for Old Men). Salué par les critiques, ce drame post-apocalyptique vaut-il vraiment tous ses éloges ? Oui, sans l'ombre d'un doute.
L'histoire nous plonge dans un univers post-apocalyptique rongé par la misère et le désespoir. Alors que la planète se meurt, on suit un homme et son enfant déambuler sur les routes qui ne sont plus que l'ombre de ce qui fut la civilisation humaine. Nous sommes, de nos jours, tous hantés par le fantôme d'une éventuelle catastrophe mondiale. Ce film cristallise toutes ses craintes en nous les montrant à vif, au plus près de la tragédie. Cependant, l'espoir est encore permis dans cet apocalypse puisqu'un père continue le combat avec et pour son fils. Malgré la catastrophe, il s'efforce de lui donner une éducation, des valeurs et une enfance même si l'enfant est confronté à la dure réalité du monde. Ici, Viggo Mortensen est très impliqué, voire même transcendant dans son rôle de père protecteur dont son fils est la seule touche de bonheur dans une société déshumanisante où la quête de nourriture est poussée à son extrême le plus barbare (cannibalisme, réserves d'humains...). Toutes les inquiétudes du père sont poussées à leurs paroxysmes dans un monde où règne la solitude et l'incertitude : comment va faire l'enfant lorsqu'il ne sera plus là ? Que faire s'il est attrapé par les cannibales ? Qui va assurer sa protection ? Où doit-il aller ? Tant de questions que s'est posé Viggo Mortensen avant de préparer son rôle. Le film tient en haleine jusqu'au bout, le spectateur est sans cesse dans le doute quant au dénouement de cette mésaventure : vont-ils y arriver ? Que vont-ils trouver sur les côtes ? Que ce passera-t-il si l'un d'eux vient à mourir ? Autant de questions qui suscite autant de réponses lors d'une conclusion, certes rapide et expéditive, mais logique au vu du rythme et des éléments développés dans le film.
La Route, c'est aussi des acteurs incroyables qui ont su retranscrire cette histoire tragique. Le père est joué par un Viggo Mortensen (la trilogie Seigneur des Anneaux) véritablement touchant et le fils est interprété par le jeune Kodi Smit-McPhee (Romulus, My father, Laisse-moi Entrer). La relation père-fils est très bien développée dans ce film, si bien qu'elle devient le seul côté touchant dans cet apocalypse. Dans celui de la mère nous avons la ravissante Charlize Theron (L'Associé du diable, Monster, The Yards) qui est criante de réalisme dans son rôle qui représente le désespoir et la fin du combat, la volonté de ne plus lutter et de s'abandonner à la mort. Aucun des personnages n'a de nom, ce qui montre bien que l'on peut facilement s'identifier à eux. Les autres acteurs sont tous très bons, même si je regrette qu'il n'y ait pas plus de personnages rencontrés par nos deux voyageurs.
La réalisation est solide est très propre. Tourné dans la Nouvelle Orléans suite au passage de l'ouragan Katrina, puis au volcan Mount St. Helens dans l'état de Washington ainsi que dans des zones minières de la Pennsylvanie et autour de Pittsburgh, on a bien ce sentiment de désolation et de catastrophe mondiale. La civilisation humaine n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était, la nature se meurt et laisse place à un paysage désolant sous une inspiration très première guerre mondialesque. La bande son joue un très grand rôle dans cette histoire dramatique. Les diverses compositions s'appuient sur la sensibilité du spectateur en proposant des partitions mélancoliques et touchantes à l'image du thème principal, intitulé The Road, qui est tout simplement magnifique.
Chaque utilisation est là pour montrer l'ampleur de la catastrophe dont on ne perçoit pas l'ombre d'espoir même si le père continue à se battre pour son fils.
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Les + : la relation père-fils très touchante, les acteurs impliqués, la réalisation quasi parfaite (notamment les décors !), l'histoire post-apocalyptique sur fond de film dramatique, les musiques qui appuient chaque séquences
Les - : un rythme assez lent, une conclusion rapide
John Hillcoat a su adapter une histoire originale en nous montrant les aspects touchants et dramatiques de la situation vécue par les personnages. L'identité de l'homme se perd à mesure que la nature se meurt, mais pourtant on a une touche de joie à travers les yeux d'un enfant qui découvre un monde inhospitalier où règne le chaos et le désespoir. Son père va tout faire pour inculquer des valeurs morales à son fils (dont discerner le bien et le mal), et dans ce rôle on découvre un Viggo Mortensen transcendant et investie par son rôle de père protecteur. La relation père-fils est omniprésente dans un monde sombre à l'atmosphère pesante. La musique joue véritablement sur chaque séquences afin de souligner le côté tragique ou poétique de la scène. Cette relation si complexe ajoute une touche de tendresse et de poésie à chaque instant partagés entre l'enfant et son père. Véritablement touchant et bouleversant.