Le coach
Un film d’Olivier Doran
Pour son troisième long-métrage, Olivier Doran reste fidèle au genre qui l’a révélé, la comédie. Il y a une douzaine d’années, il nous avait invité à un rocambolesque Déménagement, aux côtés de Dany Boon, Emmanuelle Devos, Sami Bouajila et Marine Delterme.
Dix années plus tard, on repartait en ballade avec lui, pour partager Un Pur Week End mouvementé avec Kad Mérad, Bruno Solo, Valérie Benguigui et les désormais familiers Anne Marivin et Jean-Noël Brouté. Ces deux derniers font aujourd’hui à nouveau parti de la dernière comédie du réalisateur, axée autour du tandem de choc composé de Jean-Paul Rouve et Richard Berry.
Le film d’Olivier Doran joue la carte des contrastes. Le Coach nous fait assister à la rencontre de deux personnes que tout semble opposer, tant leurs personnalités sont distinctes. Il y a d’abord Maximilien Chêne, coach réputé dont les conseils avisés valent de l’or. De l’or, mais peut-être pas autant que lui coûte son addiction pour le jeu, qui menace sérieusement son mariage et commence à irriter les créanciers. Ces derniers lui donnent un ultimatum. Criblé de dettes, Max sait que son destin va se jouer dans les tout prochains jours. Face à lui, il y a Patrick Marmignon, entrepreneur fantasque, ingérable, aussi imprévisible que profondément humain. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, tant leurs différences sautent aux yeux. Entre les deux, un étrange ballet va se jouer.
L’ouverture pourra paraître un tantinet exagérée : on y croise Laure Manaudou, le stade du Paris Saint-Germain, ou encore le siège du Parti Socialiste, qui font partie du quotidien de Maximilien Chêne, un cadre hyper occupé dont les journées ressemblent à un marathon. M. Chêne est sur la mauvaise pente, sa chance au jeu a tourné. Son principal créancier, le patron d’un casino, lui a posé un ultimatum. Il a huit jours pour honorer ses dettes. Le hasard va mettre Patrick Marmignon sur sa route. Le patron d’une grosse société lui proposera en effet une offre inespérée, bien qu’a priori impossible à réaliser. Il lui faudra coacher Marmignon à son insu, et rendre ce directeur du Service Etudes de l’entreprise plus apte à manager. Très compétent pour l’aspect technique de ses fonctions, Marmignon est un réel désastre quand il s’agit de motiver ses troupes. Il a donc été décidé de le rendre plus sûr de lui, plus autoritaire, d’en faire un meneur d’hommes investi d’une mission, et qui se donne les moyens d’y parvenir. Car un gros contrat est en jeu, et l’équipe de Marmignon semble avoir du mal à tenir les délais.
Après un début un peu clinquant, Olivier Doran a nuancé son propos. Le jeu des contrastes n’est pas exagéré, et la tâche du metteur en scène était facilitée, tant les personnages étaient bien écrits. La frontière de la caricature n’est jamais franchie, ou presque. Marmignon est littéralement indescriptible, désespérant, mais tellement naturel, lui-même, au final hilarant et attachant. Chêne a rarement été confronté à pareil individu, de là à le coacher ! Pris à la gorge, le célèbre coach va pourtant accepter l’offre et s’attacher à remplir un improbable objectif. Chêne et Marmignon sont dissemblables, et pourtant, ils sympathiseront. Tout en s’efforçant de remplir sa mission, Chêne se rapprochera de Marmignon, imperceptiblement. Sans le vouloir, le duo finira par se comprendre, sans jamais être vraiment sur la même longueur d’onde.
Le Coach est une comédie sans grande prétention, si ce n’est de nous faire sourire au vu des maladresses d’un sympathique olibrius. Dans la peau de Patrick Marmignon, le comédien Jean-Paul Rouve s’est régalé, visiblement enchanté d’interpréter un individu aussi touchant. L’acteur était présent à Strasbourg, où il était venu présenter le film et recueillir les impressions du public avec, à ses côtés, le metteur en scène. A l’issue de la projection en avant-première au cinéma UGC CinéCité, Olivier Doran et Jean-Paul Rouve ont confirmé ce que les spectateurs avaient constaté à l’écran. La psychologie des personnages est la base du film, et le scénario donnait toutes les clés à suivre pour les comédiens. Pour des artistes de leur calibre, le travail en était d’autant plus facile, et ne laissait que peu de place à l’improvisation. Dans le rôle de Maximilien Chêne, Richard Berry n’a pas eu à forcer son talent. Le coach qu’il interprète est habité par son expertise ; il a fini par en oublier certaines choses simples. Sa rencontre avec Patrick Marmignon les lui fera re-découvrir. Dommage que certains personnages secondaires titillent la frontière de la caricature. Mais ce petit défaut est vite oublié, au milieu d’un ensemble plutôt bien ficelé.