Voila (Enfin !) un remake qui n'a pas à rougir devant l'original.
C'est le premier film que je vois de Rod Lurie mais son efficacité me portera à en découvrir d'autres.
Et pourtant Les Chiens de paille de Peckinpah jouit d'une telle réputation que je suis prêt à parier que son statut de classique intouchable vouera ce remake au pires attaques.
Pour ma part, je trouve ce film absolument remarquable à tous points de vue.
Le scénario, si ma mémoire est bonne (pas vu le Peckinpah depuis le siècle dernier) est sensiblement différent et le film de Lurie est plus explicite, notamment dans ce qui concerne les aspects sexuels de l'affaire ce qui rend le film vraiment plus riche, que ça soit sous l'angle du couple, que sous celui des agresseurs...
La scène du viol, notamment - quoique très pudique et pas du tout complaisante - me parait beaucoup éprouvante que dans le souvenir que j'ai du film original...
Le film parvient parfois à toucher à l'insoutenable et - chose surprenante - pas particulièrement dans les séquences les plus spectaculaires ou gore.
La tension est palpable dès le tout début du film et ne cesse d'aller crescendo.
Le long assaut final de la maison (part plus importante dans le Peckinpah me semble-t'il...) apparait même plus convenu dans sa violence réelle alors que l'ensemble du film parvient y compris dans la description "banale" du mode de vie de ces rednecks du Sud des USA à créer une angoisse et une vraie trouille à partir de presque rien.
La maison assiégée devient alors plus qu'un climax horrifique, une vraie mise à l'épreuve des personnages dans leur principes et leur mode de vie. Ce qui était déjà le cas dans le Peckinpah, mais Straw Dogs 1971 me parait plus axé sur la violence même et sur l'assaut construit comme un western.
Ici c'est bien davantage un questionnement sur l'Amérique, sa justice, ses mœurs, la condition des femmes, la religion, le sentiment d'infériorité d'un état tout entier, la culture historique de la violence.
Et l'accord parfait entre la subtilité du scénario, d'un casting idéal, et d'une mise en scène très efficace pose ce film dans la catégorie des remakes qui apportent quelque chose au schmilblick... Sans jamais renier l'original, ni lui tourner le dos mais en l'assimilant parfaitement et en l'enrichissant pour proposer un produit moderne parfaitement viable commercialement tout en étant globalement fidèle au fond du film original.
Pour moi une réussite du niveau de La Colline a des yeux d'Aja, de Body Snatchers de Kaufman ou Ferrara, de L'Armée des morts de Snyder ou de La dernière maison sur la gauche d'Iliadis... Rien que ça...
Il convient de dire un mot sur un casting absolument exceptionnel:
James Mardsen est un acteur formidable qui vaut bien mieux que les rôles dans lesquels sa jolie gueule l'enferme.
Ici il a l'occasion de montrer de quoi il est capable.
Kate Bosworth n'est pas une débutante mais, même si j'ai déjà vu quelques uns de ses films, je n'ai aucun souvenir d'elle... C'est dire à quel point sa composition extraordinaire ici est pour moi une vraie révélation. Elle est... géniale !!!
Quand aux seconds couteaux, outre un James Woods quasi méconnaissable et halluciné, Alexander Skarsgård est vraiment très convaincant (dans un registre séduction/répulsion proche de True Blood, ceci dit).
Rhys Coiro (Entourage) est une fois de plus formidable et Dominic Purcell qui n'est pourtant pas un acteur très subtil semble ici si bien dirigé que - sans être totalement convaincant dans le rôle d'un attardé mental - il échappe au moins au ridicule qui aurait pu plomber le film.
Bref, aucun bémol...
A voir absolument.
Personne sensibles s'abstenir, néanmoins, le film est assez éprouvant, comme l'était déjà l'original de Peckinpah, auquel je préfère cependant Les Visiteurs d'Elia Kazan, dans un registre voisin, autre grande référence évidente du film de Rod Lurie.