Cette Léon ne m'a ni transporté, ni emballé. La photo, de surcroît, était baclée, on avait plus l'impression d'être en compagnie du fameux brouillard londonien, plutôt que dans l'éclat solaire de cette île argentine. Par ailleurs, les deux personnages principaux ne m'ont absolument pas touchés, seuls ou en interactions, l'homo quelque peu refoulé et le beauf à la grande gueule, et entre les deux y'a quoi ? Rien ? Sinon, réelement, j'aurai bien pris cette navette fluviale, la Léon, pour aller sur le continent. Viens avec moi, Joyce !
Une atmosphère envoûtante, des personnages hypnotiques, une interprétation silencieuse et puissante de Jorge Norman dont les yeux noirs éclairent sur le désir et la souffrance d'une homosexualité vécue dans l'ombre et l’opprobre. Le Léon est peut être ce bateau imaginaire qui nous berce lentement au fil des images, témoins extatiques dans l'étroit corridor entre la beauté et la brutalité, entre la vie et la mort.
Un film confondant de beauté, magnétique... une image à couper le souffle, une densité remarquable. pour un premier film, c'est un exploit ! et ça ne laisse présager que le meilleur pour la suite...
Œuvre étrange que ce premier long métrage de Santiago Otheguy dont le scénario, dialogues compris, tient en 5 lignes. Mais l’essence du film est ailleurs. Elle tient d’abord en un concept esthétique composé d’intenses plans fixes admirablement mis en valeur par une photo noir et blanc et une lumière empreinte de contrastes finement calculés. Elle repose aussi sur cette dualité marquée entre le sauvageon Alvaron homosexuel à la beauté primaire et El Turu, un rustre macho dont le seul charme est d’être le capitaine de La Leon, bateau bus reliant l’île, petite partie d’un monde perdu dans la mangrove à la civilisation. Il se dégage de ce récit une force hypnotique qui vous imprègne, vous envoûte et tient votre attention suspendue à un fil mince qui peut rompre à tout moment. Otheguy réussit ce pari fou, de cette ambiance minimaliste, il délivre un film puissant et magnifique où la nature hostile et omniprésente compacte l’humain et semble ne jamais vouloir le libérer. Un éblouissant dépaysement !
La silhouette effilée de la Léon qui fend l'eau comme un Vaporetto traversant la lagune de Venise, ou le Danube, la végétation luxuriante des bras sinueux du Rio Paranà ; pas une vague, le calme plat, si ce n'est le vent dans les roseaux et les arbres. Très beaux personnages, nobles et droits, qui vivent une vie rude et simple.