D’abord, si vous avez l’intention de voir ce film oubliez le titre français qui est juste stupide, si l’action se déroule bien à Bassora, il n’y a pas de bataille, au mieux un accrochage avec des insurgés. Il vaut mieux utiliser le titre original : « The mark of Cain » (la marque de Caïn) qui marque bien la transgression qui fait basculer la vie de deux soldats britanniques. Comme les films américains « Redacted » (sorti la même année que ce film) ou « Battle for Haditah » (également sorti en 2007), ce film britannique met en lumière les exactions commises pendant la guerre d’Irak, côté armée de Sa Majesté donc. Deux jeunes soldats, dont c’est la première mission sur le terrain, sont responsables de crimes de guerre et doivent faire face, en plus de poursuites en cours martiale, à l’opprobre public. Drame sur le dérapage de soldats dans un environnement de pensée extrême, du fait des tensions de leurs missions, le film pointe beaucoup de travers souvent dénoncés par les différents articles de presse, rapports des ONG (et films donc) : absence d’empathie pour les Irakiens, usage abusif de la force, maltraitance des prisonniers, mansuétude de la hiérarchie, tentative d’enterrer les affaires et quand ce n’est pas possible, recherche de bouc émissaire. Tous les travers de la guerre, même dans des armées pourtant disciplinées sont insérés dans ce film où les soldats perdent rapidement tout repère moral et où ce qui n’est pas nous est eux, soit l’ennemi, et où même les civils, devant la loi de loyauté au régiment, sont considérés comme un autre ennemi. Un film fort et dérangeant, qui montre comment deux types ordinaires peuvent rapidement devenir de bourreaux sans remords. Un long-métrage un peu inconnu qui mérite le coup d’œil.