Le film précédent de Fatih Akin, “Head on”, était un cri, une expression du déchirement, avec sentiments exacerbés, un film dur et passionné. “De l’autre côté”, reprenant sensiblement les mêmes thèmes, apparaît comme apaisé, avec plus de recul par rapport à son sujet.
Ainsi, la structure du récit est beaucoup plus construite, avec des flash-backs cachés, un jeu avec le temps et le destin des personnages tout à fait intéressant. Des têtes de chapitre indiquent des morts annoncées, puis le déroulement du récit fait qu’on s’attache à ceux qui vont mourir, et comme dans une tragédie classique, leur destin semble inéluctable. La façon dont s’organisent les rencontres (ou pas) est éminemment cinématographique, le prix du scénario obtenu à Cannes semble amplement justifié.
Mais cette attention portée au récit, à l'entremêlement des histoires de chacun, fait que l’on sent moins de passion, d’indignation que dans “Head on”. La mise en scène, à l’image de cet assagissement, est un peu fade, manquant de rythme, de grandiloquence.
Cette réserve mise à part, le film est formidable, parlant au travers des relations ambiguës entre Turquie et Allemagne, des notions de racines, d’engagement, de choix de vie. Fatih Akin aime ses personnages, et quelques soient leurs agissements, il sait les rendre attachants, proches de nous, représentant des comportements humains, sans pourtant tomber dans les clichés.