Le côté obscur du Western
La Horde sauvage est le quatrième western que réalisa Sam Peckinpah en 1969, après notamment Coups de feu dans la Sierra (diantre, que je n’ai toujours pas vu), et on sent déjà, au début de sa carrière toute la patte et le potentiel du réalisateur.
Le film débute, dans une ville américaine qui a l’air tout ce qu’il y a de plus classique, par le braquage d’une compagnie par une bande d’infâmes hors la loi sanguinaires, mais qui n’est en fait qu’une mascarade car … it’s a trap ! Nos fiers et ombrageux forbans sont en fait attendus de pieds fermes par une bande de non moins recommandables chasseurs de prime, et s’ensuit une intense fusillade qui ne laissera pas tout le monde indemne. Les flibustiers survivants s’enfuient avec hâte vers le Mexique pour échapper à leurs poursuivants et tenter un dernier gros coup qui leur rapportera pépète …
Pour la suite de l’histoire veuillez regarder le film, merci de votre compréhension.
Ce long métrage de Peckinpah a encore une fois, pour notre plus grand plaisir, une vision sombre, dépressive, pessimiste, désabusée sur le monde, cette époque et la nature humaine. Cela commence dès le début du film (enfin, je ne suis pas sûr que cela soit à ce moment...) quand on aperçoit des enfants entrain de torturer un scorpion, l’instinct animal de l’homme est partout, que cela soit chez les plus jeunes ou même les adultes, certains se comportant comme des vautours auprès des morts. La même brutalité prend forme pendant les échanges de feu où les « innocents » sont massacrés comme les autres, personne dans ce film n’est épargné, ni la veuve, ni l’orphelin.
Ici pas de bons hommes ou sentiments tout propre comme dans certains westerns, là ils sentent tous la terre, pas de héros, juste des hommes lambda qui luttent pour survivre dans ce monde impitoyable, dans cet endroit où l’amitié ne compte plus, comme pourrait témoigner (je ne sais qui) abandonné par ses camarades après s’être fait tirer dessus ce qui sert leur fuite.
Point d’espoir dans ce monde de brutes, la course de ces hommes ne se terminera qu’avec leur fin, se faisant d’ailleurs comme si les personnages eux-mêmes savaient qu’au bout du chemin, la porte leur sera fermée, alors comme on voit dans une des dernières scènes, pourquoi ne pas partir avec éclat, plutôt que vivre comme n’importe qui ?
Les acteurs ont été savamment bien choisis pour coller avec le film, avec quasiment tous ont une Gueule d’enfer, déjà bien entendu, les deux personnages principaux (et rivaux), incarnés par William Holden et Robert Ryan qui ont un visage très marqué et un charisme certain. Mais n’oublions pas notre bon Ernest Borgnine qui a je pense une des têtes les plus sympathique du cinéma et qui procure un effet de bon humeur dans ce film déprimant. Même les seconds rôles ont été soignés, par exemples j’ai trouvé aussi les trois principaux militaires mexicains très convaincants.
On retrouve bien entendu la façon de filmer tellement propre à Sam Peckinpah, ses gros plans sur les personnages ou encore et surtout ces fameuses séquences en ralentis qui exacerbent la violence qui a cours sous nos yeux, n’oublions pas aussi les fameuses gerbes de sang à la Peckinpah encore une fois présentes ici. Bref, les scènes d’action du film sont déjà grandioses, mais avec la patte Peckinpah ça en devient juste un véritable régal pour les yeux, d’une rare puissance.
Le film est du reste très bien rythmé, alternant de la meilleure des façons scènes d’actions d’anthologie (le braquage, l’assaut du train, la scène d’action finale) et moments reposants souhaitables (passage chez les mexicains), du coup les 2h20 que dure le film, commencées avec une superbe intro ((notamment dès le début du film, dans un superbe effet de style pour présenter les personnages) passent avec grand plaisir, sans ennui.
En bref, car j’ai dû oublier de parler de certains éléments (diantre l’accompagnement sonore !), on se retrouve ici avec du grand Peckinpah, mais surtout, du grand western.
PS : Critique écrite en méthodologie de concours, comme quoi les cours, ça inspire