Pour mon premier Peckinpah, quoi de mieux, en théorie, que son oeuvre maîtresse, saluée comme l'un des derniers chef-d’œuvres du western. A mi-chemin entre un style classique et les atours du western spaghetti dont Leone faisait à l'époque les beaux jours, The Wild Bunch m'avait malheureusement je crois, été survendu sur son aspect crépusculaire, d'ailleurs très appuyé par l'affiche et même relayé par pas mal de plans larges écrasés, qui diminuent l'horizon et font presque disparaître le point de fuite, donnant en effet la sensation d'un crépuscule. Mais dans le fond, on est loin du ton contrit et amer de la disparition du far west, de ses valeurs et de ses légendes, postulat auquel je m'attendais et qui aura orienté ma vision du film. Au lieu de cela, les vieux gringos que Sam Peckinpah se plaît à filmer en plein massacres n'ont pas tout de cow-boys old school désemparés par un changement d'époque qu'ils ne maîtrisent pas. Acceptant et même appréciant l'usage des grenades et de la gatling, quand d'un autre côté ils semblent se souder face à la folie de leur temps et retrouver un sens de l'honneur perdu, leur écriture est paradoxale et mène à une vision opaque et quelque peu décousue. Peut-être Peckinpah ne souhaite simplement pas trop appuyer son trait, mais le résultat m'a laissé dans un inconfort usant, ne sachant quel sens finalement donner à ces bains d'hémoglobine répétés, qui finissent plus par figurer l'adaptation des technologies à la folie des hommes que celle des valeurs humaines à la marche du temps. Visuellement, le film a revanche extrêmement bien vieilli. Seul bémol comme souvent avec les films de cet âge, la bande-son que je trouve souvent forcée, et surtout le montage sonore aux ruptures abruptes, qui donnent un aspect trop fictionnel au récit. Mais les cadrages sont souvent magnifiques, la photo poussiéreuse (peut-être un peu trop lumineuse pour servir son propos, en revanche) est elle-aussi jolie, et la scène de l'attaque du train reste comme un grand moment de cinéma. Un grand film, mais une déception personnelle.