Martin Scorsese, immense réalisateur, (Taxi Driver, Les affranchis et Les infiltrés entre autres…), nous revient avec le Loup de Wall Street, fresque de trois heures sur la vie de Jordan Belfort, interprété par Leonardo DiCaprio, trader corrompu, dans une quête obsessionnelle et perpétuelle d’argent, dans un milieu rongé par le vice où argent, sexe, drogue vont bon train. Le film est une libre adaptation du livre éponyme écrit par ce même Jordan Belfort à sa sortie de prison en 2005.
L’œuvre, totalement frénétique, est d’une énergie et d’une vitalité flamboyante. Scorsese nous montre tout au long du film, les frasques les plus extrêmes de Jordan et sa meute totalement délirante et avide d’argent, de sexes et de drogues, dans un tournant comique quasi omniprésent et rarement autant exploité chez le cinéaste américain. Un cinéma qui transpire la jeunesse et le plaisir mais qui affirme sans nul doute la marque d’un cinéaste au sommet de son art.
Le film est formellement une grande réussite, d’une maitrise absolue, une habitude chez le cinéaste originaire de Little Italy. Il signe l’accomplissement de ce qui travaille ses derniers films : d’une part, dans la virtuosité et le brillant des images, les figures du genre et le renouvellement des courants de son œuvre, d’autre part dans l’aveu d’un univers chaotique et monstrueux. Certains lui reprocheront peut-être de ne pas avoir eu un regard assez critique sur le monde qu’il filme, mais il semble au contraire laisser le libre-arbitre au spectateur, qu’il puisse se faire son propre avis et sa propre analyse. D’autant plus qu’il n’y fait en aucun cas l’apologie mais adapte sa mise en scène à la démesure du personnage qu’est Belfort.
Leonardo DiCaprio, acteur-producteur, est encore une fois exquis. Il semble gagner en maturité depuis quatre ans ; sans être exceptionnel, il montre qu’il prend énormément de plaisir à incarner ses personnages ; ce fut le cas également avec Django Unchained de Tarantino.
Les seconds rôles composés de Jonah Hill, Margot Robbie et Matthew McConaughey (qui nous gratifie d’une scène géniale qui fera date, lorsqu’il se martèle la poitrine en fredonnant) sont tous excellents.
Après Shutter Island et Hugo Cabret, dernièrement, c’est une nouvelle fois un Scorsese grand cru qui nous est offert. Un retour en grande forme et assurément l’un des meilleurs films de l’année 2013. Jouissif !