Retour gagnant pour le duo Scorsese-DiCaprio, qui ne brisera pas la chaîne de chefs d'oeuvres entamée en 2002 par Gangs of New York et qui se voit prolongée aujourd'hui par le Loup de Wall Street !
En adaptant le roman du courtier Jordan Belfort, Scorsese livre à nouveau un film situé hors des chemins balisés par le cinéma hollywoodien. Cela commence par la manière d'aborder le sujet : les magouilles en bourse, la drogue, les putes, le blanchiment d'argent et l'enquête fédérale nul doute que tout le monde penserait à traiter tout cela d'un point de vue dramatique et en orientant le projet vers le thriller. Scorsese m'a réellement surpris en signant non pas un thriller comme à sa grande habitude, mais une comédie bien acide et légèrement dramatique. Légèrement parce que oui les actes de Belfort sont inqualifiables et que sur la fin le gaillard devient réellement effrayant, mais on ne va pas nous servir de séquences larmoyantes.
Par conséquent les faits sont là : on se marre de A à Z (alors que sur le fond on ne devrait pas) ! DiCaprio livre à nouveau une prestation inédite, encore une fois nous ne l'avions jamais vu comme ça (d'ailleurs il me fait beaucoup penser à Jack Nicholson), si possédé par son personnage et allant parfois très loin (
une bougie dans le cul
ça vous dis quelque chose dans la filmographie d'un acteur ?). Là, si l'académie le snobe une nouvelle fois on pourra réellement crier au scandale ! Les autres comédiens ne sont pas en reste avec un Jonah Hill pas trop lourdingue et une Margot Robbie excellente, une belle révélation de ce côté là. Par contre il ne faut pas se leurrer le film est un DiCaprio show, à part Hill et Robbie, les autres acteurs bénéficieront de rôles très restreints. Ainsi Kyle Chandler et Jean Dujardin doivent apparaître dans quatre scènes, et c'est encore pire pour Mathew McConaughey (qui semble bien mal en point au passage) qui n'apparaît que dans les dix premières minutes.
A propos de la réalisation, ce n'est pas parce que Scorsese change d'angle qu'il ne conserve pas son style. D'ailleurs pour être franc je trouve le film très proche sur la forme des Affranchis, avec d'impressionnants travellings, des plans-séquences, brisure du quatrième mur, surtout une voix off quasi omniprésente et situations toutes plus immorales les unes que les autres (si j'avais du verser dix balles à chaque fille à poil ou lors de chaque plan faisant intervenir la drogue sous une forme quelconque j'aurai été plumé en trois minutes). bref, du Scorsese à 100%, ce qui fait plaisir à voir pour un coeur cinéphile.
En revanche il y aura bien une ou deux petites choses à redire sur le film : tout d'abord si Jonah Hill n'est pas aussi lourdaud qu'à son habitude il demeure par moments horripilant, notamment lors de l'échange de valise avec Jon Bernthal (franchement cette séquence mérite bien d'être raccourcie de moitié), ensuite la dégringolade de Belfort est tout de même un peu brutale et expédiée rapidement, et enfin par moments le film risque de vous flanquer mal au crâne tant les hurlements du Loup dans le micro et ceux de ses acolytes arrivent en flot continu. Mais s'arrêter à cela serait une grave erreur, car Le Loup de Wolf Street pourrait bien occuper une place de roi dans la filmographie du maître avec des séquences hilarantes (j'ai une préférence pour la scène où
DiCaprio mime une sodomie tout en parlant sur haut parleur au téléphone avec un client
, j'ai cru crever de rire devant le jeu irrésistible de l'acteur) et vouées à devenir cultes (la conduite sous emprise de drogues, le voyage pour Las Vegas, les premiers ébats entre Belfort et sa maîtresse...). Et si vous appréhendiez des séquences compliquées sur la bourse et ses méthodes, soyez sans craintes on n'est pas là pour parler de ça mais du moyen de s'en foutre plein les fouilles, et DiCaprio vous le dira lui même plusieurs fois ! Alors, convaincus ?