Martin Scorsese sexagénaire prolifique et talentueux est de retour avec un énième long métrage. Avec à la tête de sa nouvelle création le très coté et apprécié Leonard DiCaprio. Rare sont les films qui réussissent à réunir et mettre d’accord presse et spectateur presque à l’unanimité. Cette année on a eu grosso modo « Django unchained » et « Gravity » qui ont réussi cet exploit. Et ce « Le loup de Wall street » s’ajoute à la liste. Et pourtant serai-je donc un des seuls à ne pas avoir apprécié ou alors juste modérément ? Il semblerait…
Bon que dire de ces trois heures de film ? Et ben déjà que trois heures c’est long, très long… Non sérieusement le film de Scorsese souffre d’un sacré mauvais montage, comme souvent d’ailleurs… On se souvient de « New York, New York » par exemple on l’on suivait De Niro dans des actions redondantes et terriblement répétitives malgré la qualité non discutable de ce classique. Et bien ici c’est la même chose. Pour bien nous exprimer la descente aux enfers du personnage de DiCaprio, le réalisateur choisit de faire un film de trois heures pour bien appuyer ses propos ! D’accord pourquoi pas, mais faut les tenir les trois heures derrière… Scorsese est un habitué des films longs (« Gangs of New York » ; « New York, New York », « Les affranchis » ), certes, mais on l’a connu meilleur narrateur. Là où avant il savait meubler ses films correctement il nous offre ici qu’un enchainement de scènes de sexe, d’orgies, de soirées façon « Gatsby le magnifique », scènes de drogués et de discours bruyant, trop bruyants et assez bourrins… Il n’a jamais été très fin, mais souvent plus subtile et certainement plus calme ! C’est simple le film dur trois heures, et on une heure trente de répétition non stop, et vas y que je baise, et vas y que je me repoudre le nez, et vas y qu’on gueule comme un taré dans le bureau. C’est fatiguant, c’est usant, c’est une horrible asphyxie progressive…
Il n’y a pas que du mauvais dans le film, heureusement. On a des prestations toujours très convaincantes des interprètes : un Jonah Hill qui monte en puissance, un Matthew McConaughey encore parfait mais malheureusement terriblement sous employé et qui disparaît du film trop vite à mon goût, après quelques apparitions savoureuses ponctuées de dialogues Tarantinesque dérisoires et originaux, et évidemment DiCaprio toujours parfait dans ses rôles. Mais le plus problème de cet acteur c’est sa plus grande qualité. Il se donne a fond a longueur de temps, et dans un film comme « Django unchained », « Titanic » ou « Les noces rebelles » c’est cool parce qu’il donne une réelle intensité au film, mais dans un long métrage comme « Le loup de Wall Street » il serait plus agréable, je trouve pour ma part, qu’il pose le jeu, qu’il calme toute cette effervescence et il gagnerait certainement en sympathie et en prestance. Mais ce n’était évidemment pas le but ici, pour une interprétation logique du personnage, mais pour d’autres longs métrages c’est à méditer… Et n’oublions pas notre DuJardin national, qui se défend bien le bougre, interprétation ironique et désuète assez agréable à observer et plutôt drôle, personnage sympathique à ne pas oublier !
Un long métrage en tout cas intéressant quant à son sujet, également dans son traitement car la mise en scène de Scorsese reste quand même parfaitement maitrisée et offre quelques effets de styles à retenir. On retiendra aussi le physique de cette chère Margot Robbie, d’une magnificence effarante…
Heureusement que Scorsese nous offre quelques ruptures de ton bienvenues, tel que le passage où DiCaprio se retrouve totalement drogué et essaye de descendre laborieusement quatres simples marches, scène d’un grotesque sympathique, presque façon Charlot, qui permet de souffler pendant une scène décomplexante.
Mais j’ai peur que le long métrage de Scorsese est produit au près des spectateurs l’effet inverse de ce qu’il aurait dû être. Car en effet il est évident que Scorsese, ici, ne prend aucune position et ne juge d’aucune manière la personne au centre de cette histoire, il ne fait qu’exposer les faits. Mais les gens réagissaient de façon étrange dans la sale, comme si ils comprenaient que Scorsese faisait l’éloge de cette ordure et de cette façon de penser, de vivre et de profiter de la misère des autres. Alors que Scorsese essaye de rendre son personnage principal et ses acolytes juste navrants et pathétiques, en leur faisant faire toutes les conneries et les obscénités possible, les gens réagissaient comme ci ce qui était exposé était cool, était assumé et carrément génial a faire… Les gens réagissaient comme devant un « Very Bad Trip », qui n’avait aucune prétention et se voulait juste un film cool de potes, comme si tout ce qui était montré était le rêve américain sans s’apercevoir de la bêtise qui se développait devant eux… Scorsese a réussit le tour de force d’hypnotiser tout le monde en leur faisant croire que ce mec était cool ! Etait –ce voulu ? Parce que ca rigolait a longueur de temps dans la salle, certains étaient même émus par les discours et les propos que tenait le personnage… Et en fin de compte on était une marée de spectateurs à regarder une bande de guignols faire des trucs sordides sans aucun soupçon d’intérêt pendant trois putain d’heures en trouvant ça cool…
Et donc, pour conclure, après ma déception de « Hugo Cabret » précédent film de Scorsese, « Le loup de Wall Street » vient confirmer pour moi que Scorsese et ben c’était mieux avant…