L'immoralité du monde de la finance exploitée à fond. A fond, comme rarement le cinéma le montre, puisque le film lui-même est entièrement immoral. En effet, en suivant l'histoire avec la voix off du personnage principal Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio), il ne nous est laissé aucun répit, aucun moment où on pourra porter un jugement. On le sait pourtant que rien ne va, tout le monde le sait et personne ne se le cache. Sous nos yeux, pendant 3h de folie pure, on assiste à une débauche totale. Excès d'argent et de drogues (dont chacune a droit à un descriptif anormalement détaillé), un monde où le mot "adultère" n'a plus aucun sens et où les protagonistes restent intouchables. Pas de raison de s'arrêter : ce mode de vie plait et séduit, tout simplement.
Même la punition finale (3 ans de prison) est légère, parce que Belfort a balancé tous ses copains. Il finit célèbre et donne des conférences, présenté comme un génie.
Rien ne va de bout en bout.
Et paradoxalement, tout va ! Au-delà de la vie du personnage, le film est lui aussi excessif à tous les étages. La mise en scène, l'écriture, le rythme permettent à ces 3h de ne pas s'ennuyer une seule seconde. Le fait qu'elles deviennent un régal pur vient, ce n'est pas une surprise, du talent démesuré de DiCaprio, qui a aidé à la production de cet ego trip dantesque, et on lui dit merci. Du mec timide en manque de confiance mais plein d'ambition au toxico addict à trop de choses et sujet à des colères noires, tout nous est offert. Toutes les scènes sont choc, avec en tête :
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ses deux disputes avec Naomi (Margot Robbie), surtout la dernière, certainement parce que ce sont les seuls moments où on se rapporche de nos vies et de ses réalités. Ça n'arrive pas souvent au cinéma, mais ce coup de poing au ventre fait véritablement mal.
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son discours pour dire qu'il reste dans la boîte. Un mix entre l'excellente écriture et son regard fou, clôturé par le "mmh-mmh", percussion à la poitrine, devenu culte. Jouissif
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A côté de lui, les rôles secondaires sont extrêmement solides. Jonah Hill en Donnie Azoff est mon coup de coeur. Encore plus fou à lier, son duo avec DiCaprio donne les meilleures scènes (la fête où Jordan rencontre Naomi). Margot Robbie a le rôle le plus touchant, passant du sex symbol éblouissant à celle qui a perdu ses meilleures années au côté d'un drogué qui la trompe tous les jours et finit par la battre, malgré la maison gigantesque, le yacht de 50m et sa fille. La petite apparition de Matthew McConaughey pose les bases de tout le film. D'ailleurs le film commence sèchement, sans concession, directement dans le vif du sujet, et se pose vraiment comme le reflet de son personnage, qui dès le départ était "un petit con".