L'illusion et la désillusion d'un couple au travers un mode de vie, où, quand l’invraisemblable promesse de l'American Way of Life atteint son absurdité à son paroxysme.
Qu'est-ce que le " vivre à l'américaine " des années cinquante suppose ? Quelle idée de la réussite est-elle véhiculée à travers ce mode de vie ? Sam Mendes s'interroge là dessus à travers les " Noces Rebelles ", mais il va plus loin en s'interrogeant en profondeur sur l'idéal même du Couple (avec un C majuscule siouplait).
Le quartier où se sont installés les Wheeler (Dicaprio dont le jeu sobre sonne juste est impeccable, Kate Winslet, elle, est en tout point magistrale) est à l'image de l'Amérique des années cinquante, propret, tenu, clean. Du moins en apparence. C'est justement sur ce point là que le réalisateur va appuyer durant deux heures, les apparences qui bien évidemment sont parfois trompeuses. Mais toute la réussite de ce film tient dans l'art de joindre l'American Way of Life et le Couple autour de l'idée qu'il s'agit dans les deux cas, d'une illusion.
Lorsque Frank et April se rencontrent, ils sont jeunes, insouciants et se promettent d'être différents des autres, d'avoir une vie originale et dont eux seuls en auront le contrôle. Le réalisateur raconte cela par le biais d’ellipse, sans s'y attarder plus que nécessaire. L'intérêt des " Noces Rebelles " ne résident effectivement pas dans la romance entre ses deux protagonistes, mais dans leur désamour. Comment un couple arrive-t-il dans une impasse ? Cette problématique va de pair avec une autre question soulevée par le métrage : qu'est-ce que la réussite et le conformisme dans une société où la normalité doit paraître acquise à toutes et à tous. Le réalisateur montre à quel point nous nous configurons cette idée les uns vis à vis des autres, entre collègues, entre voisins, entre amants.
Ces deux thèmes sont liés et reliés au travers de Frank et d'April. Elle, rêvait d'être comédienne, lui s'est promis au cours de sa jeunesse d'avoir une vie différente de celle de son père. Des années plus tard, elle se retrouve être mère au foyer tandis que lui, exerce le même travail que son pater. Dans leur manque d'épanouissement et se rendant compte que leur vie et leur couple prennent un tout autre chemin que celui qu'elle espérait, April met au au point un projet, une idée: recommencer leur vie à Paris. En cela il s'agit d'une occasion inespérée d'échapper à leur vie et de sortir de leur désillusion.
A travers leur histoire, Sam Mendes montre qu'un couple n'est pas forcément une union faite pour s'entendre éternellement, mais qu'il s'agit avant tout de deux individus. Et lorsque l'on ne s'aime plus, on se quitte. Hors, et c'est de là qu'en résulte la tragédie du film, les protagonistes vont dans le sens inverse. Lorsque dans les dernières scènes du film, Frank court dans la rue, n'est-ce pas pour rejoindre April dans les bois afin de la laisser s'en aller ?
Notons l'ironie mordante que révèle John Givings (Michael Shanon), qui s'avère être le seul à poser les bonnes questions et à cerner l'impasse dans lequel se retrouve le couple. Un personnage diagnostiqué comme souffrant, ayant séjourné dans un établissement psychiatrique. Le reflet d'une société préférant voiler ses problèmes, de peur de poser les bonnes questions et ainsi de faire face ? A cela, le père de John préfère resté sourd.