Comment introduire ce film puisque c'est le hasard le plus total qui m'a conduit à le regarder ? L'affiche m'a sans doute interpellée, ainsi que les commentaires très disparates que j'ai pu lire. Présenté comme un film complexe, ayant quelque chose du cinéma d'art et d'essai, j'ai plongé dans l’œuvre sans finalement me poser beaucoup de questions.
Commençons par mon ressenti sans passer par la case cerveau. J'ai été fascinée par les images de Takashi Miike et par ses personnages. On peut effectivement suivre une véritable trame – le meurtre de Shiro et les aveux de Jun ainsi que l'enquête sur le crime- mais il ne faut pas chercher vraiment la réalité dans le récit. J'ai apprécié que le film soit à la fois une exploration artistique, onirique et une vraie histoire avec des personnages, un mystère, une fin.
Le réalisateur ne m'a pas perdue en route même s'il joue volontiers avec nous. La bande-son obsédante fait partie intégrante du film. 46-okunen no koi m'a troublée, intriguée, intéressée et parfois agacée. Miike veut en faire un peu trop, soit, mais il se rattrape largement avec la justesse de son casting. Ryūhei Matsuda, dans le rôle de Jun, et Masanobu Andö, qui joue Shiro, sont excellents. Le charisme du second m'a particulièrement impressionnée.
Bref le film a été une expérience assez étrange sans pour autant devenir un catalogue d'Art et d'essai -ce que je déteste-.
Passons désormais par la case intellectuelle. Que dire de ce film ? Son symbolisme est indéniable et sans doute peut-on comprendre l’œuvre de multiples façons. Le fil rouge du papillon, qui traverse régulièrement l'écran et se pose même sur Jun au début- a sans doute une grande importance. Au Japon il symbolise la femme mais on peut aussi penser à la résurrection, la rédemption, l'amour. La relation entre Shiro et Jun semble platonique et passionnée.
On pourrait aussi rapprocher le papillon de la théorie du Chaos et par là même, de l'idée du temps. Cette dernière est d'ailleurs là dès le prologue où on nous parle des années lumières et de la possibilité aux époques de cohabiter. Ce thème, rappellons-le, est déjà présent dans le titre puisque 46-okunen no koi (46億年の恋) signifie « 4600 millions d'années d'amour ».
Finalement, les mots m'ont semblé secondaires. J'ai été frappée par la volonté -parfois un peu fatigante il est vrai- du réalisateur à aborder de multiples formes d'expression. La danse est présente dès le début avec une scène que j'ai trouvé très belle, un clin d’œil à l'animation -que j'ai trouvé assez malvenu-, et une mise en scène, des plans qui font immanquablement penser au théâtre et au ballet contemporain. Bien sûr, certains plans de 46-okunen no koi font penser à Dogville de Von Triers mais l'hommage s'arrête là.
Un brin complexe, 46-okunen no koi reste un film fascinant et qui ne peut pas laisser indifférent. Je pense le visionner de nouveau, ce qui prouve que j'ai apprécié l'expérience, et ainsi pouvoir prendre un peu de recul. Malgré tout, je ne me sens pas capable de noter ce dernier, disons simplement, ami lecteur, que je te le conseille.