On adore les Jaoui /Baccri, leur regard acéré sur -nous, nos compromissions de tous les jours, nos petites lâchetés, les rapports de force sournois entre dominants (qui bien sûr, ne se reconnaissent pas comme tels!) et dominés. On n'en est que plus à l'aise pour dire que, cette fois çi, ils sont passés complètement à côté de leur film. C'est une comédie musicale américaine, qui raconte comment un reporter miteux fait échouer la carrière politique d'une arrogante féministe. Sauf qu'ils ne tombent pas dans les bras l'un de l'autre à la fin, qu'il n'y a ni Carry Grant, ni Katherine Hepburn... et que ce n'est pas une comédie musicale. Le couple est étincelant, dans son emploi de prédilection. Jaoui, qui s'est fait la tête de Martine Aubry, est speedée, abrutale, détestable à souhait (que vont penser les féministes de cette image?). Elle ne parle pas, elle aboie. Quant à Baccri, dans ce rôle de raté bavasseur, il baccrise jusqu'au génie. A part ça? Ben, rien. Pas de scénario, pas de personnages secondaires intéressants (la soeur qui-ne-sait-pas-ce-qu'elle-veut-dépressive-parce- que- la-mal-aimée, le reporter amateur fils de la femme de ménage algérienne dont on se fiche complétement des histoires de coeur...). Ce personnage là, entre deux mondes, entre deux classes, qui souffre en silence de la façon très paternaliste dont sa mère est considérée -tu fais partie de la famille, Mimouna, pas besoin de te payer!- aurait du être le pivôt du film. Sauf que Jamel Debouze n'est pas un acteur intéressant, mais qu'est ce que cela peut faire, il est politiquement correct de l'adorer et de toutes façons il a un César qui l'attend au chaud.... On parie? J'offre le champagne à tous les lecteurs si je me trompe.