Pour son troisième film en tant que metteur en scène, Agnès Jaoui, sans en avoir l'air, frappe un grand coup. D'une petite comédie légère (sur le papier) elle nous offre un moment d'une grande délicatesse, doux amer, d'abord mélancolique voir pessimiste mais au final plein de vie et d'espoir. Des femmes, des hommes, des couples (légitimes ou non), des familles au tournant de leurs histoires, qui nous font sourire, rire, pleurer, qui nous attendrissent et qui nous parlent. On retrouve un peu (ou beaucoup) de nous dans chacun d'eux, et donc forcément l'empathie arrive, et on ne peut que les aimer, chacun avec leurs qualités et surtout leurs défauts. C'est, comme tous les scénarios du tandem, finement et intelligemment écrit. Les dialogues sont comme toujours aussi, délectables. Ce qu'ils ont le mieux réussi, c'est faire naître une belle émotion, simple, douloureuse ou cruelle parfois, rafraîchissante aussi, que n'avaient pas autant Le goût des autres ou Comme une image (mais ils avaient bien d'autres qualités). La mise en scène de l'actrice est aussi discrète qu'efficace, s'attachant à tous sans en laisser aucun sur le bord de la route, premiers ou derniers rôles. Sa direction d'acteurs est donc parfaite, hormis le couple, qui joue du Bacri/Jaoui sans surprise, Jamel Debouzze est plutôt pas mal, sobre et même discret, mais convaincant. Pascale Arbillot, hilarante dans Notre univers impitoyable, est encore ici très bien, un des solides seconds rôles du cinéma français, qui mériterait bien quelques premiers...Parlez-moi de la pluie devient, à ce jour, le film d'Agnès Jaoui que je préfère (en attendant la suite). Drôle, fin, émouvant, mélancolique. Une petite merveille. Je ne m'attendais pas aussi bien, après la bonne surprise de son premier film et la légère déception du deuxième. C'est donc un coup de coeur.