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    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 7 janvier 2013
    Dans une société de plus en plus individuelle et narcissique où la réussite personnelle prime sur tout le reste, Cyril Brody nous interroge, à travers son documentaire (fictionnelle), sur la générosité. Un mot qui paraît tellement désuet aujourd’hui et que l’on pourrait presque enlever du dictionnaire.
    En plus d’assurer la mise en scène, Cyril Brody interprète le rôle principal, celui de « l’âme généreuse ». Et c’est là ou tout aurait pu coincer. N’est-ce pas le symbole du narcissisme absolu : se mettre en scène et se donner en plus le bon rôle ? Les mauvais exemples en France se multiplient ces dernières années à ce sujet ; Maiwenn pour l’ensemble de ses œuvres et surtout, dernière victime en date, Julie Delpy avec son film 2 days in New York. La réalisatrice/actrice s’inspirant de sa vie, se donne la personnalité d’une mère artiste, pleine de courage, « bobo parisienne », et d’une gauche bien pensante typique. Symbole de l’oligarchie artisco parisienne et du politiquement correct par excellence.
    Le piège était donc grand ouvert, mais Cyril Brody l’évite aisément, voir se met même en danger. Chose rare dans le cinéma français contemporain. À travers son parcours initiatique filmique, il s’interroge objectivement sur sa propre démarche. Un ami lui dévoile un début de réponse dans un plan séquence : « Qu’est ce qu’il veut exactement ? Pourquoi il fait ça ? (…) Je n’ai pas vu un intérêt autre que celui de vouloir témoigner par des images d’un acte gratuit qui contredit la société dans laquelle nous vivons (…) Tu es dans une volonté d’exister certes, mais comme tout le monde. Et tu cherches le moyen d’exister, d’exister au plus vrai de toi même. C’est une façon de te connaître que de faire ça. Maintenant tu te filmes, tu veux comprendre quelque chose. Pourquoi ? ». Tout est dit dans ce monologue. Si certains restent dans l’incompréhension de sa démarche, d’autres refusent fermement, par exemple à travers un sms : « Le service ke je te demande c de ne pas me rendre de service. Merci ».
    Ce parcours initiatique est donc semé d’embuche mais la poésie n’est jamais loin, comme lorsque sa conseillère au pole emploi lui demande d’allé à la rencontre d’une de ses anciennes clientes.
    Au final, au lieu de dresser le portrait du réalisateur/acteur (comme les mauvais exemples cités plus haut), le film dresse en autre le portrait sociologique de l’homme moderne, de sa solitude, de son incapacité à pouvoir gérer les nombreuses tâches quotidiennes et à demander de l’aide. Et c’est là, finalement, ou se trouve la vraie générosité du film.
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