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    Rio Bravo
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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 25 janvier 2014
    1959. La décennie bénie de tous les amoureux du western se clôt en apothéose avec justement la sortie de Rio Bravo. Rien qu’à voir apparaître ce nom géographique désormais mythique, des images remontent à la surface de notre mémoire comme celle de Dean Martin à genoux devant le crachoir, la bouille inénarrable et édentée de Walter Brennan, les collants noirs recouvrant les superbes jambes élancées de Angie Dickinson, etc. Et on imagine, sans risque de se tromper, des sourires affleurer sur les lèvres d’une immense majorité de cinéphiles et de cinéphages au seul fait de prononcer son titre. Pourquoi cette quasi-unanimité ? Quel autre western peut se targuer aujourd’hui d’être aussi fédérateur et de susciter autant de ferveur y compris chez les personnes pas spécialement attirées par le genre ? Combien de westerns ont attisé autant d’exégèses, des plus passionnées aux plus fumeuses, Hawks ayant été comparé à tout et n’importe qui, son film accablé sous des références pas obligatoirement liées au western, à la plus grande surprise du réalisateur d’ailleurs ? Pourquoi justement ce western de Hawks est-il aussi réputé ? Mérite-t-il cet engouement jamais démenti depuis ?

    La réponse est OUI ! Quel plaisir de devoir écrire sur Rio Bravo, le film qui m’a insufflé tout jeune le virus et la passion du cinéma ! Les innombrables visions de ce western unique n’ont pas entamé le ravissement de sa première découverte, ce qui laisse à penser qu’on peut aisément l’apprécier à tout âge en y découvrant à chaque fois de nouveaux éléments qui viennent enrichir encore cette pure et simple merveille. En y mettant toute ma bonne volonté et si j’avais eu la moindre prétention d’aller à l’encontre de l’opinion majoritaire, il m’aurait pourtant été difficile de trouver beaucoup à redire à ce chef d’œuvre absolu du 7ème art. Et ceci est d’autant plus étonnant que jamais Hawks ne cherche, à l’instar des Aldrich, Fuller, Penn, Peckinpah ou Leone, à renouveler le genre ou à en subvertir les codes mais au contraire, s’inscrit en marge de tout renouveau. L’intrigue de son film n’a rien de bien originale, sa mise en scène pourrait paraître en apparence banale et pourtant Rio Bravo fait partie des films les plus parfaits sortis des studios hollywoodiens, Hawks jouant du classicisme avec splendeur et décontraction. Il y a donc bien un ‘mystère’ Rio Bravo que je vais modestement essayer de résoudre sans avoir trop recours à l’historique ni aux anecdotes entourant ce film culte, la matière livresque en la matière étant abondante sur le seul territoire français.

    En fait de mystère, il s’agirait plutôt d’une alchimie parfaite de tous les éléments constitutifs du film, renforcée par l’ambiance chaleureuse ayant régné sur le tournage. Vous allez me rétorquer que des tournages orageux ont pu aboutir à des chefs d’œuvre et qu’à l’inverse, des tournages paradisiaques ont pu donner de mauvais films, certes oui ! Mais on ressent à la vision de Rio Bravo un bien-être qui est certainement dû à l’entente des comédiens, de l’équipe technique et du réalisateur durant ces deux mois et demi passés dans la petite ville de Old Tucson au Texas. Un groupe d’hommes hétéroclite et l’amitié régnante en son sein est l’un des thèmes principaux de toute l’œuvre hawksienne. Que ce soient les postiers du ciel de Only Angels Have Wings, l’équipage d’un bombardier dans Air Force, celui d’un bateau remontant un fleuve inexploré dans The Big Sky, des cow-boys convoyant du bétail dans Red River ou encore un groupe de traqueurs de bêtes sauvages dans Hatari, Hawks et le spectateur se sentent bien au milieu de ces diverses entités d’hommes et de femmes qui apprécient visiblement la vie et son cortège d’aventures palpitantes ou dramatiques. Au cours du visionnage de ces différents films et surtout de celui qui nous occupe, on a un peu l’impression d’avoir été invité à une soirée entre amis : nous passons simultanément avec euphorie du sérieux à l’éclat de rire, de la tristesse au sourire, nous mettant sans cesse dans la peau des différents personnages. Il nous est même assez désagréable de devoir les quitter au bout seulement d’un peu plus de deux heures. Si cette notion de groupe est si présente dans son œuvre, c’est que Hawks lui-même les aimait dans la vie privée et qu’il s’entourait souvent des mêmes personnes.

    A ce propos, pour Rio Bravo, il s’agit dès le début d’une affaire de famille. Hawks se sert d’une histoire conventionnelle écrite par sa propre fille comme point de départ de son scénario ; il fait appel à des scénaristes ayant déjà travaillé avec lui, Jules Furthman (Seuls les Anges ont des Ailes) et Charles Brackett (Le Grand Sommeil). Il retrouve aussi John Wayne avec qui il a connu le succès lors de sa première incursion dans le genre avec Rivière Rouge et à qui d’ailleurs il fait porter un ceinturon sur lequel est inscrit ‘Red River’. C’est l’acteur lui-même qui propose la jeune Angie Dickinson au réalisateur… Bref, tout se passe en territoire connu. A l’instar du monstre sacré du western, John Ford, Hawks ne se soucie pas de renouveler le genre mais au contraire, prend ses aises à l’intérieur, utilisant tous les éléments connus et existants ayant émaillé une multitude d’autres westerns, se démarquant ainsi des ‘sur-westerns’ à tendance psychologique, comme Le Gaucher d'Arthur Penn, qui commencent à se faire de plus en plus nombreux. Point d’intellectualisation ni de profonde psychologie : Hawks est un classique, un bon vivant plus qu’un cérébral, et souhaite rester respectueux de toute la codification d’un genre qu’il a déjà abordé à deux reprises, toujours avec la même réussite. Là où il se démarque de ses confrères, c’est par la nonchalance, la décontraction et la désinvolture qu’il insuffle à un film dans lequel on aurait pu penser y trouver des chevauchées, de l’aventure, des coups de théâtre, du souffle épique et lyrique.

    Car contrairement à Red River et The Big Sky, contrairement à ce qu’aurait pu nous laisser croire le générique sur fond de bétail s’avançant au milieu de grands espaces, Hawks réalise cette fois un ‘western de chambre’ confiné dans le temps (3 jours) et dans l’espace (une prison, une rue, un hôtel et le saloon) et dont l’action est de ce fait volontairement figée. L’approche du récit est en fait assez théâtrale, les scénaristes ayant même été (et ce sera leur seul faux pas) jusqu’à faire réciter des apartés aux deux acteurs mexicains qui n’auraient pas dépareillé dans un mauvais vaudeville ; ces deux petits morceaux de scènes sont assez imbuvables mais heureusement il ne s’agit que de deux brèves répliques qui n’ont pas le temps de faire retomber l’euphorie. Nous ne leur en tiendrons pas rigueur car le reste de leur travail est proprement jubilatoire y compris lorsqu’ils écrivent d’autres soliloques théâtraux du même genre où l’on voit Angie Dickinson parler seule, ses pensées étant ainsi jetées en pâture au spectateur. Plus qu’une intrigue sortant de l’ordinaire, le splendide scénario plein d’humour des duettistes Furthman et Brackett se propose surtout d’offrir une attention soutenue aux personnages, à leur évolution individuelle et aux transformations de leur caractère au contact du groupe. Au vu de sa réputation, il faut le dire à nouveau afin d’éviter des désillusions, les personnages de ce film, tout comme l’intrigue (‘les bons contre les méchants’), ne sortent pas forcément de l’ordinaire et n’apportent rien de bien neuf au genre mais sont croqués et écrits avec tellement d’amour que cet état de fait ne porte absolument pas préjudice à l’œuvre. Force est de constater que Hawks transcende les éléments traditionnels pour en faire un western tout à fait personnel, génial et unique.

    Tous les éléments de l’histoire et la présentation des protagonistes sont effectués dès les 10 premières minutes du film qui va désormais se dérouler, dans sa majeure partie, en intérieur. Cette claustration d’un genre habituellement dévolu aux grands espaces et chevauchées ne pouvait donner un résultat passionnant que si les acteurs choisis entraient parfaitement dans la peau des personnages qu’ils avaient à jouer (et dont les noms possèdent tous une signification les décrivant) puisque leurs caractérisations et leurs dialogues devaient être ici plus importants que l’action, le décor et les paysages, quasi-absents. Le casting que tout le monde connaît faisant des étincelles, Hawks va pouvoir nous faire sa démonstration qu’une équipe soudée, comme celle formée par les protagonistes de son film, ne peut qu’aboutir à la réussite malgré toutes les chausse-trapes qui se dressent devant elle.

    Inoubliable Walter Brennan qui avait déjà testé ce rôle de vieil homme bourru, cabochard, grincheux et truculent mais au cœur ‘gros comme ça’ dans le miraculeux Je suis un aventurier d'Anthony Mann. Les relations qu’il entretient avec John Wayne sont assez similaires à celles qu’il avait avec James Stewart dans ce film, Stumpy (‘hors d’usage’) ne demandant que la reconnaissance pour son travail et un geste ou une parole d’amitié de temps en temps pour se sentir exister au sein du groupe. Le shérif lui donnera cette preuve d’affection quand, après que le vieil infirme ait fait une sorte de caprice ‘calimeroesque’, il lui déposera un baiser sur son front dégarni. Ne s’y attendant pas et n’ayant surtout pas l’habitude de telles démonstrations, Stumpy décontenancé et gêné ne trouve pas d’autre réflexe que de le chasser à coup de pieds. Du sympathique Stumpy, personne n’a du non plus oublier les gloussements et onomatopées qui peuvent déclencher quelques éclats de rires.

    Inoubliable Dean Martin dans son plus beau rôle (avec ceux du joueur professionnel dans Comme un torrent de Vincente Minnelli et du crooner dans Embrasse moi idiot de Billy Wilder), celui de Dude (‘la guenille’). C’est d’ailleurs à lui qu’est dévolue la première scène muette, étonnante et désormais culte, au cours de laquelle, hagard, sans un sou et mal rasé, à la recherche d’une goutte d’alcool, on le voit se faire humilier à aller ramasser une pièce qu’on lui jette dans un crachoir. Son ‘sauvetage moral’, sa réhabilitation qui l’amènera à retrouver sa fierté, est l’un des thèmes principaux du film. Le talent de l’acteur éclate aussi bien dans ses moments de détresse et de doute (émouvante scène de déprime après qu’il s’est fait bêtement assommer) que dans ceux où on le voit émerger de l’enfer dans lequel il s’était enfoncé. La scène où John T. Chance lui propose d’entrer dans le saloon par ‘la porte de devant’ alors qu’il avait l’habitude depuis quelque temps d’y entrer discrètement par derrière, pour ne pas faire trop remarquer son état lamentable d’alcoolique notoire, est remarquable : Dean Martin nous émeut puisqu’à cet instant, nous sentons enfin poindre une étincelle dans ses yeux encore quelques peu embrumés.

    Inoubliable Angie Dickinson dans le rôle de Feathers (‘Plumes’, celles des costumes d’entraîneuses), l’un de ces rôles de femmes dont Hawks a le secret, forte et insolente, qui n’a pas de mal à s’imposer en jouant des coudes. Feathers prend sa place parmi les plus beaux personnages féminins du cinéma hawksien et mondial aux côtés de ceux de Jean Arthur dans Seuls les anges ont des ailes, Lauren Bacall dans Le port de l’angoisse et Le Grand Sommeil, Joanne Dru dans La Rivière rouge et d’autres encore. Pour ses débuts à l’écran, Angie Dickinson éclate de talent et de sensualité. Son personnage qui tient la dragée haute à celui joué par John Wayne est à la fois celui d’une femme, au charme provocant, qui n’a pas froid aux yeux (c’est elle qui drague le shérif sans aucune inhibition et non le contraire), qui sait ce qu’elle veut mais qui possède, elle aussi, des qualités humaines véritables. N’oublions pas ce moment délicat et magique dans lequel le shérif, réveillé et descendant au saloon en pleine nuit, trouve Feathers endormi sur une chaise, le fusil sur ses genoux, et se rend compte à ce moment là qu’elle avait décidé de veiller sur lui. Avec une merveilleuse délicatesse, alors qu’il la prend dans ses bras pour la recoucher, celle-ci s’éveille et lui fait un sourire amoureusement tendre qui en aurait fait fondre plus d’un. La scène finale, nous la dévoilant en déshabillé noir, pourrait faire partie des anthologies de l’érotisme suggéré au cinéma. La réputation qu’a eu l’actrice de posséder les plus belles jambes du cinéma avec Cyd Charisse vient d’ailleurs de cette séquence proprement jouissive.

    Content aussi de retrouver, sorti directement des westerns de John Ford, l’acteur Ward Bond dans la peau du convoyeur de bétail Wheeler (‘Cheval de trait’) qui se fera assassiner après avoir proposé en aide au shérif, son garde du corps Colorado. Colorado, interprété lui aussi formidablement par un Ricky Nelson dont nous n’aurions au départ pas parié un sou sur son talent hormis pour le chant. Il joue ici le rôle d’un jeune freluquet sûr de lui et assez prétentieux mais qui nous est toujours sympathique puisqu’on sent que son assurance est tout à fait justifiée par un professionnalisme jamais pris en défaut et par un sérieux à toute épreuve qui ne peut prêter le flanc à la plaisanterie. C’est un tireur d’élite redoutable et plein de sang froid, à mille lieues de Mississippi, le personnage assez gauche et benêt que jouera James Caan dans El Dorado. Ce jeune homme, c’est un peu l’image que l’on se fait du shérif John T Chance plus jeune mais on a du mal à croire que Colorado serait aussi maladroit que son aîné avec les femmes. Hawks a du avoir beaucoup de sympathie pour le personnage dont il se sert pour faire comprendre son amour du travail bien fait et du professionnalisme, autre thème majeur de son cinéma.

    Enfin, inoubliable John Wayne qui trouve ici l’un de ses plus beaux rôles, moins complexe et ambigu que celui de Ethan Edwards dans La prisonnière du désert, moins original que celui, haïssable une bonne partie du film, de Dunson dans La rivière rouge, moins émouvant que celui de Nathan Brittles dans La charge héroïque, mais aujourd’hui encore, le personnage qui restera et qui donne l’image la plus juste de ce que John Wayne aura voulu montrer tout au long de sa carrière : l’homme droit, valeureux, professionnel, d’apparence dure mais en réalité proche et affectueux avec ses hommes, maladroit et pataud avec les femmes, celui aussi qui par son charisme cimente un groupe. Dans Rio Bravo, il n’a pas peur de ternir son image car Feathers a toujours le dessus sur lui et finit toujours par avoir le dernier mot, Chance sortant toujours d’une discussion avec elle la tête basse et le dos voûté. Derrière son apparence, un être profondément humain puisqu’on se demande même constamment s’il ne va pas réitérer ‘l’erreur’ de Dude en se faisant piéger par l’élément féminin et son diabolique pouvoir de séduction. Tout est parfait dans le jeu de John Wayne et ceci dans ses moindres faits, poses et gestes : sa façon de s’habiller, d’arpenter une rue, de tenir son fusil, de mettre son couvre chef, tout est une création de l’acteur. Une preuve supplémentaire s’il le fallait que le Duke était un très grand comédien.

    Pour finir, parlons en de la mise en scène transparente de Hawks qui fait douter certains quant à ses qualités. Il est vrai qu’elle est moins immédiatement repérable et ne saute pas aux yeux de prime abord comme celle d’un John Ford passé maître dans l’art pictural et du cadrage ou comme celle d’un Anthony Mann excellant dans son appréhension de l’espace et d’une limpidité épurée. Mais Hawks est moins un peintre des extérieurs et des paysages qu’il ne cherche d’ailleurs jamais à magnifier (y compris dans Hatari), qu’un réalisateur au service de ses personnages. Hawks n’est pas un esthète ni un formaliste et c’est pour cette raison que nous nous rappelons moins souvent chez lui que chez les autres réalisateurs cités précédemment de plans époustouflants, miraculeux ou poétiques, même si au début des années 30, avec Scarface par exemple, il nous a démontré qu’il pouvait s’il le voulait, d’un strict point de vue technique, jouer dans la cour des plus grands. Pourtant, en y regardant de plus près, Rio Bravo comporte, lui aussi, quelques scènes qui prouvent une nouvelle fois le génie, certes plus discret, de Hawks en la matière. Déjà la scène muette de départ, que nous avons déjà évoquée, n’a rien à envier par la force de suggestion de ses images aux meilleurs films muets justement. Une autre tout aussi célèbre, celle qui voit Dude retrouver sa fierté par son action d’éclat qui le fait dénicher et tuer l’assassin du convoyeur, mérite de rester dans les annales par son utilisation tout à fait extraordinaire d’une technique difficile à manier sans tomber dans la lourdeur, le zoom ; en l’occurrence un zoom fabuleux et entièrement justifié sur des gouttes de sang tombant du haut du saloon sur un verre de bière. Et enfin, pour les non convaincus, évoquons brièvement les sorties nocturnes du shérif et de son adjoint devant aller arpenter la rue pour voir si tout est calme. Hawks, mine de rien, tellement son appréhension des lieux grâce à la mise en scène et au montage est géniale, donne au spectateur l’agréable et grisante impression à la fin du film de connaître par cœur la topographie des lieux assez restreints dans lesquels il vient de passer deux bonnes heures. C’est un peu le reproche que l’on pourrait faire aujourd’hui à un très grand nombre de cinéastes, celui de ne pas savoir faire appréhender au spectateur l’espace dans lesquels les personnages évoluent pendant tout un film et ainsi le priver de quelque chose d’à priori sans importance mais qui inconsciemment en a beaucoup pour l’appréciation du même film.

    Aussi et surtout, cette mauvaise appréhension de l’espace par un cinéaste, fait souvent de nos jours se perdre le spectateur dans des scènes d’actions qu’il a du mal à comprendre car trop hachées : l’utilisation d’un montage frénétique sert souvent en fait de poudre aux yeux pour cacher cette incapacité à se dépêtrer des problèmes topographiques très importants pour des scènes d’actions très découpées. Ceci est malheureusement vrai pour plus de la moitié des blockbusters actuels (nous ne parlons évidemment pas des réalisateurs ayant parfaitement assimilé les leçons des plus grands, à savoir McTiernan, Cameron ou Carpenter). Carpenter d’ailleurs dont Rio Bravo est le film préféré et par lequel il a, entre autre, certainement été marqué par ses peu nombreuses mais inoubliables scènes d’actions. Car, comme chez John Ford, la violence n’a ici rien de spectaculaire, frisant au contraire l’abstraction tellement les scènes sont dures, violentes mais sèches et concises. La première apparition de John Wayne est d’une force peu commune, le voyant arriver en contre plongée pour relever Dude et immédiatement après, assommer Joe Burdette avec une violence inouïe à l’aide de la crosse de son fusil, frappant tellement fort qu’il effectue un tour sur lui-même emporté par l’élan de son coup. L’autre scène de tuerie, suite au lancement d’un pot de fleurs par la fenêtre pour détourner l’attention des ‘bad guys’, est, elle aussi, fugace mais foncièrement marquante par sa violence brutale et rapide, sans que jamais nos héros ne regrettent un instant leur geste. A propos des ‘méchants’, il faut souligner le fait que, contrairement à beaucoup de westerns, Hawks ne leur a pas donné beaucoup d’importance, leur présence à l’écran étant très limitée et aucun d’entre eux ne possédant un charisme susceptible de donner à un acteur un rôle truculent, pittoresque ou sadique comme c’est souvent le cas dans le genre où le ‘bad guy’ a souvent ‘de la gueule’. Un autre élément qui montre les déviations que fait prendre à son film le réalisateur à l’intérieur d’un classicisme et d’un manichéisme bien présent cependant.

    Et nous en arrivons aux scènes grâce auxquelles la modernité affleure le plus et celles qui ont dû se faire pâmer de plaisir ‘Les cahiers du cinéma’ et la Nouvelle Vague, les fameuses digressions ‘hawksiennes’, qui ne font aucunement avancer l’intrigue et qui ne servent en fait à rien mais sans lesquelles le film ne serait certainement pas aussi mémorable, celles qui nous donnent le plus l’impression d’avoir lié amitié avec les personnages. Si je vous dis ‘My pony, my rifle and me’, vous vous remémorerez soudain cette scène absolument magique qui nous met en apesanteur, celle de l’intermède musical dans la prison. Dean Martin, suivi de Ricky Nelson puis de Walter Brennan tout sourire, se mettent à pousser la chansonnette et le bonheur est ici, sous nos yeux : nous avons comme une impression d’avoir surpris les acteurs pendant une pause sur le tournage. Le génie de Hawks est là entre autre, dans ces moments inutiles mais illustres, tellement humains et proches de nous, ces instants de symbioses et de bien être entre les personnages et le spectateur.

    Situations classiques, évolution lente mais certaine de personnages à la caractérisation fortement typée, aucune prétention à renouveler un genre bien codifié, scénario bétonné, interprétation au diapason, le mélange de tous ces éléments nous donnant un western légendaire. Que me reste t’il à faire désormais : aller remettre pour la dixième fois cette petite galette argentée miraculeuse que constitue le DVD de Rio Bravo et me délecter une nouvelle fois de ce film à la réputation ô combien méritée, symbole d’un cinéma dans le même temps classique et moderne, chef d’œuvre indémodable d’une liberté de ton qui procure un plaisir de tous les instants ! Ou revoir cette variation tout à fait réussie que Hawks lui-même réalisera 9 ans après : El Dorado.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 4 avril 2011
    Mon deuxième western "classique" après la Prisonnière du Désert de John Ford que j'avais beaucoup aimé. Le début de Rio Bravo est donc plutôt lent, les protagonistes de l'histoire se découvrent petit à petit et deviennent tous très intéressants. Le personnage incarné par John Wayne représente l'archétype même du Shérif des westerns de cette époque, à savoir toujours du coté du bien, incorruptible, courageux mais impitoyable quand il s'agit de faire régner la loi, c'est selon moi le personnage le moins intéressant du film ou en tout cas celui qui ma le moins touché. Ce shérif est accompagné de deux coéquipiers, l'un est un ancien alcoolique qui essaie tant bien que mal de vaincre son addiction et le second un vieillard boiteux. Le personnage féminin du film est campé par la sublime Angie Dickinson et ses scènes en compagnie du shérif Chance sont vraiment réjouissantes. C'est donc après avoir introduit tout ces personnages que le film devient vraiment très bon, les scènes avec Dean Martin sont touchantes, tout comme son amitié avec Chance que l'on sent inébranlable. Le vieillard apporte une vraie touche comique et pittoresque au film. On suit donc ces personnages dans un décor très épuré, une simple route bordé d'un hôtel et de quelques écuries avec au bout une prison. Le film ne sortira jamais de ce lieu. L'histoire s'écoule sans que l'on voit le temps passer et quelques scènes se révèlent formidables. Un mot sur la mise en scène de Hawks, classique mais sans fausses notes jusqu'à la fin. J'ai donc adoré ce film.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 1 novembre 2011
    Film magnifique avec John Wayne, inoubliable , Dean martin très marquant , dans un univers sans foi ni loi. Tout est fait pour qu'on se concentre sur ce qui tiraillent les personnages, et comment gérer une menace omniprésente. Le western comme on l'aime.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 26 janvier 2016
    Un grand film ! Howard Hawks signe ici un film considéré comme un classique du genre western. Ce qui est beau dans ce film c'est la grande humanité qui transparaît dans les personnages. Chaque personnage a ses défauts, ses faiblesses et chacun se tire mutuellement vers le haut. Ce western se déroule sous un fond de profonde humanité. Les acteurs sont géniaux, John Wayne est parfait !
    La réalisation est très bonne, très sobre. Elle met en valeur les acteurs. Le rendu final est très fluide. Il y a une belle continuité dans le film.
    Le défaut principal de ce film est que tout cela n'avance pas assez vite. Il y a quelques longueurs et certains passages, je trouve, n'apporte pas grand chose à la dramaturgie.
    L'autre reproche que l'on peut faire à Howard Hawks est qu'il ne va pas au bout en terme de tension dramatique. Il ne nous chope pas assez aux tripes et du coup la fin manque de tension. Il aurait fallu aller plus loin quitte à finir en impasse mexicaine.
    A part ça le film mêle comédie, action, musique ! Le film est très complet et le spectateur passe par pas mal d'émotions ! Cela montre la capacité d' Howard Hawks de maîtriser plusieurs genres de cinema.

    Bref bon film ! Très bon film, bien réalisé, bien foutu et bien interprété. Classique !
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 5 novembre 2019
    Le grand Howard Hawks, fort de ses succès du Grand Sommeil et de L'Impossible Monsieur Bébé, livre un film jouissif et l'un des westerns les plus aboutis et passionnants du cinéma américain. Rio Bravo n'est pas un western épique dans le sens où toute l'action se déroule sur quelques jours dans la même ville, mais il parvient à nous tenir en haleine, sans cavalcade à cheval ni assaut de diligence. Hawks préfère développer ses personnages dans un décor fixe, sur un ton plus léger et drôle, qui n'empêche pas des scènes d'actions au suspense implacable ou des duels mémorables ( spoiler: l'arrivée dans le bar de Chance et Dude par exemple
    ). Mais au-delà du scénario intelligent, ce film prend grand soin à développer des intrigues secondaires qui le rendent d'autant plus sympathique. L'histoire d'amour est particulièrement attachante, grâce à ses sous-entendus charmants. Le casting irréprochable mené par John Wayne, donne vie à une galerie de personnages inoubliables, tel l'irrésistibles Stumpy. En bref, Rio Bravo est une aventure passionnante et rythmé, qui réconciliera les réfractaires au western, et dont l'humour ravageur et rafraîchissant n'a pas si mal vieilli. Son ambiance délicieusement vintage, ses cascades et ses effets spéciaux à l'ancienne, ainsi que ses personnages troubles et leurs dialogues savoureux hissent ce film au rang des plus grands divertissements hollywoodiens.
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    Dalion
    Dalion

    1 abonné 45 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 novembre 2021
    Surement un meilleurs John Wayne avec un Dean martin excellent et cette musique entêtante qui vous restera longtemps en mémoire.
    Sébastien Rld
    Sébastien Rld

    24 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 31 mai 2022
    C'est sans aucun doute le meilleur des westerns classiques Hollywoodiens, celui des bons et des méchants, celui des cow-boys propres sur eux. Le sheriff de Rio Bravo, John Chance (John Wayne), arrête pour meurtre Jo Burdett, frère de Nathan Burdett, l'homme le plus riche et le plus puissant de la région. Il est incarcéré dans la prison de Rio Bravo avant l'arrivée du marshall qui le transférera dans un pénitencier avant son jugement. Pendant cette attente, Nathan Burdett va tout faire pour libérer son frère et le seul le sheriff Chance se dressera contre lui, soutenu par Dude, son adjoint alcoolique (Dean Martin) et Stumpy (Walter Brennan), le gardien vieillard et boiteux de la prison. La population propose son aide au sheriff mais celui-ci refuse, prétextant que ce n'est pas aux simples citoyens d'assumer la charge de police, ce qui est une réponse au film "Le train sifflera trois fois" dans lequel Garry Cooper, le sheriff de la ville est désespéré de ne recevoir aucune aide de la part de ses concitoyens, film que John Wayne a détesté car il véhiculait, selon lui, un message antipatriotique. Il acceptera néanmoins l'aide d'un jeune cow-boy, Colorado Ryan (Rickie Nelson) et de Feathers (Angie Dickinson), une joueuse de poker professionnelle.
    Ce Western, magnifiquement manichéen, est un hommage idéalisé à ceux qui ont écrits le légende de l'ouest américain. Durant tout le film, H Hawkes réussi a maintenir une intensité dramatique constante, mêlée d'un peu d'humour. Cet épreuve va souder les protagonistes entre eux et les bonifier. Dude cesse de boire, Feathers trouve un emploi et arrête de courir le pays pour jouer, quant à Colorado, il met son talent au service de la loi, le tout sous le regard bienveillant d'un John Wayne qui campe le rôle de modèle très américain. Au delà du film, on gardera aussi le duo merveilleux que forme Dean Martin et Rickie Nelson en chantant "My poney, my rifle and me" et la reprise du "Deguello", la chanson du coupe gorge, jouée par le Mexicains pendant le siège d'Alamo, qui sera jouée ici, pendant le siège de la prison.
    7 ans plus tard en 1966, Howard Hawks réalisera "El Dorado", un parfait remake de "Rio Bravo", avec John Wayne, Robert Mitchum en adjoint alcoolique, James Caan qui prendra le nom de Mississippi à la place de Colorado et Arthur Hunnicutt en vieillard bougon. Film à la fois identique et différent qui reprend certaines scènes cultes de Rio Bravo mais qui pousse un peu plus la complexité des personnages.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 9 août 2010
    Rio Bravo reprend les clichés du genre en insérant dans le récit une forte amitié, de la complicité, de l'amour, du respect vue par le grand Howard Hawks. La mise en scène est un pur régal pour les yeux, la photographie donne un aspect spécial. Le jeu d'acteur est excellent. Un pur western!
    Taisen00
    Taisen00

    3 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 2 mai 2022
    Excellent Western, un de mes favoris pour l'instant. John Wayne d'un charisme et un Dean Martin dans un rôle qui lui va comme un gant. Un shérif avec son équipe de "bras cassé" donne une vraie atmosphère au film. On ne voit pas les deux heures passées !
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