The Doom Generation ou la Descente aux Enfers façon Gregg Araki. Les habitués du réalisateur retrouveront les thèmes qui lui sont chers : le désir, le sexe, la drogue, la découverte, la jalousie, le meurtre, toutes ces pulsions plus ou moins maîtrisées et avouables… Jusque-là, rien de bien nouveau.
The Doom Generation dresse le parcours d’une jeunesse perdue et désillusionnée dont le long voyage initiatique, prétexte à toutes les horreurs, va davantage les affaiblir que les sauver. Ici, cette jeunesse s’appelle Jordan et Amy, bientôt rejoint par X, un homme instable, violent mais charismatique, qui va les mener au bout de leurs limites.
Sorte de road movie pessimiste sous ecsta, Araki, hélas, réitère les erreurs du passé. Parfois remarquablement inspiré et filmé (notamment lors des réflexions philosophiques de Jordan), le film s’embarque vite dans le chemin de la facilité où la débauche, la luxure et le gore cachent mal un scénario trop frêle. Rapidement, Araki s’emploie à instaurer une ambiance glauque et plutôt malsaine, au détriment de ces personnages égarés et pourtant fascinants. Alors que ces (anti)héros démontraient parfois un semblant d’humanité qui les rendait attachants, l’histoire se charge de balayer toute trace d’empathie. Dès lors, difficile pour le spectateur de manifester le moindre intérêt pour ce trio infernal, dont la chute semble bien prévisible.
Reste de cette histoire courue d’avance, l’impression de sortir d’un mauvais trip psychédélique, entre cauchemar et course frénétique, où chaque minute passée rapproche d’une issue tragique. Le trio de jeunes adonis filmé avec une certaine tendresse par Araki peine à relever le niveau. Seul James Duval, la « muse » d’Araki qui l’avait déjà dirigé dans Totally f***ed up, sort vraiment grandi de ce film chaotique et sans grand intérêt : Ange énigmatique et candide, il rayonne au milieu de ces âmes damnées jusqu’à se brûler les ailes.