Réaliser un film sur les arabesques de la musique orientale est une délicate entreprise. Il faut, pour mener à bien l’affaire artistique, transcender les mouvements sonores en des mouvements audiovisuels qui se commentent. «Le Blues de l’Orient» (France, 2007) de Florence Strauss déambule entre l’Egypte, Israël, le Liban et la Syrie. Le voyage de Strauss et de son équipe unissent chacun de ses territoires sous l’égide de la musique traditionnelle de l’Orient. Cette union est mue à la base par la volonté de Strauss, petite fille du célèbre producteur Robert Hakim, de fouiller ses racines. La fouille s’engage sur le bitume d’une route orientale. Cette allée que nous promet l’ouverture n’est qu’un leurre puisque nulle voie structurée se profile, sinon celle aléatoire qui suit les trois variations principales de la musique orientale : la musique syrienne, musulmane et judaïque. Toutefois, l’enquête demeure très superficielle. Le «retour aux sources» que prônent le film et son image du voyage n’a même pas lieu. Les rencontres humaines se substituent à l’introspection de la cinéaste dans les sinuosités musicales. Le film, au lieu d’être une singulière rétrospection, un «retour aux sources» n’est in fine qu’une vague flânerie dans la musique. Vague certes mais toutefois pas inintéressante pour peu que l’on soit sensible aux quarts de ton de la composition orientale. Cette succession de scopitones alanguis berce la musique mais alourdis le film. Bien qu’il y ait un effort du cameraman à voguer dans l’espace à la quête d’une union entre le visage et les mains (entre l’intellect et les sentiments), la lutte du son et de l’image, sclérose le voyage. L’union de l’Orient et de l’Occident, à laquelle nous invite Abd Azrie, puy de culture musicale, n’a pas lieu. Le blues (absent du film), musique occidentale, et l’Orient ne s’unissent pas. En surface il y a bien réunion, en profondeur il n’y a que molle promenade.