En principe, je n’apprécie guère le cinéma de Claude Chabrol, en raison de son style bien particulier. Mais je dois admettre que là, il propose quelque chose de neuf, en mettant en scène le braquage d’une bijouterie en apparence incassable, tout en incorporant une romance inattendue, tout aussi bien fortuite pour nous que pour le personnage principal. C’est ainsi que Lino Ventura va se retrouver dans un rôle qu’il connait bien, tout en étant totalement nouveau pour lui. Certes il interprète un criminel qui se prépare à cambrioler une boutique de joaillier, mais son mode opératoire consiste à commettre ce larcin audacieux sans aucune violence et avec grande intelligence, ce qu’il appellera un braquage psychologique. La psychologie : voilà le maître mot qui caractérise ce scénario. Car ce dernier mélange habilement les préparatifs du braquage avec une romance, sans donner plus d’importance à l’un ou à l’autre. Lino Ventura nous étonne de ses pouvoirs de séducteur, et la magie opère dès lors qu’il se trouve en prise directe avec Françoise Fabian. Dès que Simon et Françoise, leur personnage respectif, se trouvent réunis, ils se parlent, s’écoutent, échangent des points de vue, sans juger ce que pense l’autre. Emane de cet échange (parce que c’est un vrai échange) un profond respect, de l’humilité, bref : une osmose. Grâce à l’aspect naturel des dialogues, il ressort de ces échanges une impression d’improvisation permanente que le cinéaste a laissé courir librement devant sa caméra, ce qui a le don de rendre très crédible ces moments privilégiés, et d’amener une très jolie photographie. De ce fait, on n’a pas vraiment l’impression de regarder un film, mais plutôt d’assister à la naissance d’une idylle, ce qui rend le tout souple et léger. Car au final, on ne sait pas vraiment ce qui prédomine sur le fond : le braquage ou l’histoire sentimentale ? Eh bien les deux, car on ignore si le voleur va se servir ou non de la boutique de cette charmante antiquaire pour réaliser son but. Et puis là où réside aussi le génie du scénario, c’est de rendre la culture intéressante, tout en fustigeant les personnes qui ne vivent que par la culture et pour la culture. L’internaute cinéphile PilouBoulogne affirme en conclusion de son avis que "La bonne année" est "un excellent film MEME pour ceux qui ne sont pas fans de Lelouch". Il a raison. Car non seulement le scénario est particulièrement bien pensé et écrit, mais en plus Lino Ventura est époustouflant, y compris dans la peau d’un vieil homme riche ; Françoise Fabian est généreuse, et Charles Gérard permet d’incorporer de l’humour à petites doses et parfaitement distillé ici et là. En conclusion, "La bonne année" est une comédie dramatique sentimentale aux consonances de thriller qu’il est intéressant de découvrir.