Un film pas désagréable que La Bonne année, mais pas un des plus réussis de Lelouch non plus.
La faute, clairement, à une première partie qui se traine beaucoup trop. La mise en place du film est particulièrement longue et laborieuse, et cela aussi car Lelouch ne se contente pas de traiter d’une histoire de casse, mais amène en plus une romance. Du coup il y a presque deux films en un, d’autant plus que les deux parties ne se rejoignent pas véritablement tout du long. Le film dure donc 2 heures, mais une partie non négligeable est consacrée à l’histoire d’amour naissante entre Ventura et Françoise Fabian. Il faut montrer les personnages, les lieux de l’action, et inévitablement Lelouch traine les pieds dans une première partie qui possède de réels coups de mou, et qui verse parfois dans la platitude. Il y a des discussions qui s’étirent. Il ne faut pas du tout s’attendre à un film de casse, car même si celui-ci est présent et plutôt pas mal, il n’est qu’un élément de détail. Et puis on se demande à quoi son cinéma a pu servir au héros vu qu’il intervient quasiment de la même manière que s’il n’avait pas fait un casse « psychologique ».
Cela mis à part, La Bonne Année reste un film honorable. Doté d’un casting réussi, avec un Lino Ventura qui s’en donne à cœur joie en campant ce héros transformiste, on notera aussi d’autres interprètes de qualité. Françoise Fabian est charmante et à un jeu fluide et sobre très agréable, Charles Gérard est un complice attrayant de Ventura, amenant une petite touche de fantaisie, peut-être malgré lui car il tient un rôle plutôt sérieux. De bons interprètes et quelques invités de marque, avec Mireille Mathieu, Michou, Bettina Rheims notamment. De bons interprètes donc, bien dans leurs rôles.
Quant à la forme on retrouve la patte Lelouch, du moins celle que je retrouve généralement. Des décors soignés, une mise en scène carrée qui ne se disperse pas en fioriture ou effets de style et pourra paraître assez froide mais est techniquement peu critiquable, et même si le choix de la photographie (qui alterne couleurs et noir et blanc) pourra paraître un peu pompeux, puisqu’assez inutile, il n’en reste pas moins qu’il n’impacte pas directement la qualité du film. La musique est signée du compositeur habituel de Lelouch, avec quelques chansons autres (notamment Mathieu !). Ce n’est pas très marquant.
La Bonne année est un film appréciable mais ce n’est pas un grand film de Lelouch. Trop partagé niveau histoire, pas très bien rythmé, on se retrouve avec un film propre mais longuet, assez lourd, qui aurait gagné à avoir un récit plus fluide et plus de tranchant. Là c’est classique et parfois plat. 3