Mais nan c'est pas longuet ! Bon,ok, ça finit par tourner un peu à vide. On répète une sorte de cycle de hauts et de bas, on se demande à quoi ça rime, on attend. Y a quand même pas mal d'humour (plusieurs fois, on se marre), de la bonne musique punk et, ce qui compte, de très bons acteurs et quelques délicieux dialogues (et voix off). Cependant, le propos est légèrement, pas insignifiant mais tout de même prétentieux et surtout très égocentré. On a l'impression que, dans leurs vies (c'est des Norvégiens riches, qui n'ont à s'inquiéter de rien, qui ne songent qu'à leur rapport à la littérature, au succès et à leurs amours), il se passe tellement rien au niveau social qu'il faut se faire des grosses émotions de manière artificielle, et donc on part dans une sorte de folie (un des deux écrivains perd pied ou débloque, on comprend pas pourquoi : est-ce qu'il a vraiment une pathologie psy ou est-ce que c'est parce que c'est un écrivain enflammé ?) Les personnages sont attachants mais toute cette jeunesse qui vit au jour le jour, qui se laisse aller, qui va à Paris pour se la jouer romantique et qui rentre la queue entre les jambes, c'est quand même du cliché. Certes, ils sont jeunes (23 ans environ) mais ils ont l'air déjà vieux, dans leur style. Et il y a beaucoup de non-dits, trop. Le film se rattrape en fait sur ses effets. Au début, c'est carrément déroutant (t'as le son qui s'arrête d'un coup, qui repart, et des cuts strange, comme s'il s'agissait d'un défaut technique). Ensuite, ça disparaît quasiment mais on reste face à un montage (certains vont dire prétentieux) original, avec une atmosphère, une réelle atmosphère de copinage avec des accents décalés à la FLEABAG et des flashbacks sur l'ironie ou la banalité du destin. Les acteurs sont attachants et c'est déjà ça. C'est un film avant tout psychologique. Ça nous permet de saisir une certaine vanité, et de faire face à l'ironie, ou triste, ou gaie, d'existences mises en commun de manière complètement inattendue, pour le meilleur et pour le pire. Mais y a toujours, finalement, dans ce film, comme une volonté de faire croire à l'amour, à sa force, malgré tout, par-delà la folie et l'absurde.