Amputé de 20 minutes, c'aurait pu être un excellent téléfilm. Avec l'investissement de Cécile de France qui est épatante, comment a -t-elle pu s'amochir à ce point là? La petite Jeanine est scout, sportive, garçonnière, rejeton d'un père bonasse et d'une mégère de mère, (commerçante qui a le tiroir caisse à la place du coeur), avec qui l'adolescente est en conflit perpétuel. Elle veut être missionnaire, na! et rentrer au couvent, na! Rupture avec la famille. La foi de la jeune fille, absolue, sincère, est sûrement ce qu'elle a de mieux, car pour le reste, hélas, elle est stupide, butée et d'une incommensurable vanité. Et toute la faiblesse du film est là: comment s'intéresser à une telle anti-héroïne? Au couvent des dominicaines, plutôt une communauté à l'ancienne, ça se passe mal parce que la soeur, désormais Luc-Gabriel ne veut en faire qu'à sa tête. On l'a autorisée à garder sa guitare, et les autorités religieuses voient là une bonne occasion de donner à l'image de l'église un p'tit coup de peinture fluo, tout en restant dans l'anonymat de l'ordre naturellement. Mais le succès inattendu, inespéré, se pointe, et ces mêmes autorités trouvent bien de mettre en lumière le nouveau disque d'or -la seule personne lucide étant cette mère plutôt acerbe et grognon, qui sert à soeur Luc-Gabriel de directeur de conscience, et qui pressent qu'elle ne résistera pas à la pression médiatique, de fait la nouvelle vedette ne sera pas missionnaire, na! Elle quitte le couvent, fait des achats inconsidérés avec de l'argent qu'elle n'a pas, pensant faire une carrière avec ses petites cucuteries -dont l'apologie de la pilule qui la fâche définitivement avec la hiérarchie ecclésiastique. Apres une tournée pathétique au Canada, réfugiée auprès de l'amie d'enfance lesbienne qui l'aime depuis toujours, cela finira très mal par un suicide des deux amantes. Quelle histoire quand même! Mais il aurait fallu ne pas filmer aussi platement, pour tirer quelque chose de ce personnage pitoyable.